THEATRE - « Que ma joie demeure ! », de et par Alexandre Astier

Un artiste très original

Publié le 25/04/2012
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Crédit photo : G. CITTADINI CESI

ÉTRANGE spectacle, étrange garçon. Très connu d’un public qui vient l’applaudir au Rond-Point, trop heureux d’approcher celui les fait rire depuis si longtemps. Alexandre Astier est l’auteur, le réalisateur et l’interprète d’une série que l’on nous dit hilarante, « Kaamelott ». Il retrouve aujourd’hui le théâtre. Il y a débuté à Lyon, sa ville natale. Sa mère y était professeur d’art dramatique. Mais le jeune homme est d’abord épris de musique et l’on devine, à le voir jouer avec les partitions et le clavier, à quel point il est doué. Même si une partie du jeu, par sa cocasserie et par la réserve de l’artiste, peut brouiller l’écoute !

Bougon, rageur, rêveur, le « personnage » de Jean-Sébastien Bach, costume sans perruque (il ne la mettra qu’en fin de spectacle), nous fait la leçon. Le tableau, les tableaux sont ici aussi importants que le clavecin. Alexandre Astier, né en 1974, a eu la révélation de la musique de Bach lorsqu’il avait 7 ou 8 ans, par le « Concerto pour deux violons », dans la version de I Musici. Quelque chose, dit-il aujourd’hui avec intelligence, de « complexe et évident, sophistiqué et limpide ».

Et cela pourrait s’appliquer à son spectacle, qui se clôt sur la question du contrepoint, qui conduira ce génie, encombré d’une famille très prenante (qu’Alexandre Astier évoque avec malice et tendresse), jusqu’aux fugues en miroir.

Ce qui transparaît par cette traversée originale et faussement brouillonne, c’est le caractère même de l’interprète. Alexandre Astier est comme tous les grands comiques : ultrasensible et sombre. Modeste, peu sûr de lui au plus profond (c’est en tout cas ce que l’on ressent), avec on ne sait quoi de terriblement angoissé qui lui appartient et qui est également consubstantiel au génie emporté de Bach. Un étrange spectacle, un étrange garçon.

Théâtre du Rond-Point, salle Jean-Tardieu (tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr) à 21 heures, du mardi au samedi; et le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h 20. Jusqu’au 13 mai, relâche le lundi et les 1er et 8 mai.

A. H.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9119