Cinéma
Le 29 juillet 2012, dans une petite ville du Mali, un homme et une femme, parents de deux enfants, sont lapidés. Leur crime : n’être pas mariés. La lapidation est diffusée sur Internet par ses commanditaires, dans l’indifférence quasi générale. Cette histoire, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a passé une grande partie de son enfance au Mali, l’évoque encore des larmes dans la voix. Elle lui a inspiré un film terrible mais aussi plein d’amour et de musique.
À Tombouctou sous le joug de djihadistes venus d’ailleurs, on ne peut plus fumer, chanter, jouer au football, montrer des mains ou des pieds nus si l’on est une femme et l’on risque les coups ou la mort pour des broutilles. Pour Sissako, il s’agit moins de montrer les exactions de ces extrémistes religieux que le « combat silencieux des hommes et des femmes non armés ». Un combat qui s’incarne simplement dans la vie quotidienne : une partie de foot sans ballon, des chants qui s’élèvent dans la nuit, des rires… Et, non loin de la ville, le bonheur d’une famille. « Ce que jamais aucune violence ne pourra tuer, c’est l’amour, dit Sissako (...) C’est la clé de la victoire contre la barbartie. C’est ainsi qu’on brave l’extrémisme ! Ils n’auront pas le dernier mot. Ce qui va gagner, c’est la beauté, la dignité. »
Le cinéaste ne recule pas devant l’horreur – qu’il filme avec sobriété – mais il manie aussi l’humour, voire le burlesque, et la poésie. Dommage que le jury du festival de Cannes n’ait pas jugé bon de placer « Timbuktu » dans son palmarès, au plus haut.
« Nos enfants »
Autres souffrances, dans notre société privilégiée, celle des protagonistes de « Nos enfants ». Les deux frères ont réussi. L’un est un brillant avocat sans trop de scrupules, l’autre un pédiatre intègre et engagé. Chaque mois, un dîner les réunit, sans enthousiasme de part et d’autre. Jusqu’au jour où des agissements de leurs enfants les contraignent à un choix aux conséquences explosives. « Le Dîner », le best-seller du Néerlandais Herman Koch, était cruel. Le film italien qui s’en inspire ne l’est pas moins.
Ivano De Matteo, dont on a pu voir en France « La Bella Gente » et « les Équilibristes », ainsi que la série « Romanzo Criminale », a été fasciné par le roman de Koch. Il l’adapte librement pour parler de la violence, « celle qui est cachée et réprimée, mais qui peut toujours exploser par hasard, par erreur, en chacun de nous ». Il parle aussi de l’incommunicabilité et des nouvelles technologies, comparant la dépendance à ces dernières dont sont victimes certains ados à celle liée aux drogues pour ceux des années 1970.
Mais « Nos enfants » n’a rien d’un pensum démonstratif. Les personnages des deux frères, joués par Alessandro Gassmann (le fils de Vittorio) et Luigi Lo Cascio, comme ceux de leurs épouses et des enfants, sont tout en nuances. Leurs réactions et interactions entraînent un suspense psychologique qui maintient la tension.
Le réalisateur reconnaît une vision pessimiste : la personne la plus positive est détruite par le mal. Chaque spectateur peut donner sa propre réponse à la question vitale qui se pose aux protagonistes. Elle serait dans tous les cas douloureuse.
« Le Hobbit »
Voilà, c’est fini. « Le Hobbitt : la bataille des cinq armées » clot la trilogie de l’adaptation de « Bilbo le Hobbit » après celle du « Seigneur des anneaux » et, pour le réalisateur et producteur néo-zélandais Peter Jackson, 16 années consacrées à la mise en images de l’œuvre de Tolkien. Les aventures du Hobbit et des autres créatures – nains, elfes, trolls, orques et… humains – de la Terre du milieu sont toujours aussi spectaculaires, avec une 3D précise et efficace, qui sait s’effacer quand il le faut. Les fans apprécieront, et sans doute aussi ceux qui aiment simplement le cinéma, celui qui vous emmène ailleurs. Et qui pourrait presque vous faire croire à l’existence des dragons.
Et encore
« Qu’Allah bénisse la France » : le rappeur Abd al Malik adapte son autobiographie, filmée en noir et blanc dans le quartier du Neuhof, à Strasbourg, celui de son enfance.
« Men, Women & Children » : des adolescents, leurs parents et les dangers d’Internet selon Jason Reitman, le cinéaste de « Juno ». « La Belle Jeunesse » : difficile de survivre dans l’Espagne en crise, par Jaime Rosales, un cinéaste espagnol novateur. « Le Chant de la mer », un dessin animé inspiré des légendes celtes.
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