Michel Franco, cinéaste prometteur de 35 ans, filme dans « Chronic » les corps souffrants, nus souvent, de malades en phase terminale. Plus précisément, il filme longuement les gestes d’un infirmier à domicile, qui lave, habille et déshabille, nourrit, prend la main s’il le faut, et, sans grandes phrases, soutient. « Chronic » est une fiction, pas un documentaire sur l’euthanasie, même s’il se veut « aussi réaliste que possible », et tourne autour du drame de son personnage principal, incarné avec la sobriété nécessaire par Tim Roth. Ce premier film en anglais du réalisateur mexicain, prix du scénario au dernier festival de Cannes, est moins dérangeant qu’il y paraît, seulement troublant.
Dans « Mon roi », Maïwenn, 39 ans, met en scène un couple qui s’aime passionnément et se déchire de même. Cela commence par une chute de ski et « elle » qui se retrouve en rééducation. Les scènes de la renaissance douloureuse, puis chaleureuse, avec des jeunes d’un tout autre milieu que le sien, alternent avec les flash-back de dix ans d’amours et de disputes. Elle aspire à une certaine normalité, il est instable, insaisissable et irrésistible, pervers narcissique peut-être. C’est fascinant puis, dans la dernière demi-heure, lassant dans l’hystérie que la réalisatrice impose à ses acteurs pourtant au meilleur. Vincent Cassel, que la caméra met en valeur, Emmanuelle Bercot, que cette dernière épargne moins et qui se bat vaillamment, comme son personnage, ce qui lui a valu le prix d’interprétation féminine à Cannes (partagé avec Rooney Mara pour « Carol »).
Planète réelle, monde imaginaire
Autre souffrance, celle de la planète, évoquée dans « la Glace et le Ciel », documentaire de Luc Jacquet. Il retrace avec de passionnantes images d’archives et d’autres, magnifiques, récentes, l’aventure scientifique et humaine du glaciologue Claude Lorius. Ses travaux sur les glaces de l’Antarctique, commencés sur place à 23 ans, en 1957, sont de nature à convaincre du réchauffement de la planète jusqu’aux climatosceptiques, sauf mauvaise foi incurable.
Loin de toutes ces tragédies, voici, pour s’évader en famille (à partir de 5-6 ans), « Pan », de Joe Wright, qui invente ce qui pourrait s’être passé avant le roman de J.M. Barrie, soit la découverte par un orphelin nommé Peter (Levi Miller) du Pays imaginaire, sa rencontre avec l’horrible Barbe-Noire (Hugh Jackman), James Crochet (Garrett Hedlund) et Lili la Tigresse (Rooney Mara), entre autres personnages pittoresques. Ni l’imagination, ni les moyens n’ont manqué pour l’entreprise et l’histoire, filmée en 3D avec des décors et des effets spéciaux impressionnants, fait passer un bon moment.
D’autres nouveaux films
Parmi les autres films de la semaine, on s’intéressera bien sûr à « Seul sur Mars », de Ridley Scott, dans lequel Matt Damon, botaniste distingué, tente de survivre sur la planète rouge, cela en 3D. « Elser, un héros ordinaire », d’Oliver Hirschbiegel, fait revivre un résistant à Hitler de 1939. « Adama », film d’animation de Simon Rouby, s’inspire aussi d’une histoire vraie, celle d’un petit Africain de 12 ans qui part à la recherche de son frère engagé sur le front de Verdun. Enfin, dans « l’Image manquante », Rithy Panh fait revivre avec des personnages de glaise et des images d’archives la tragédie de sa famille victime des Khmers rouges.
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