Pour se constituer une marine royale digne de ce nom, le Roi Soleil, conseillé par Colbert, choisit Rochefort, même si une vingtaine de kilomètres séparent la ville des méandres de la Charente et onze autres de l’Atlantique. Les lieux sont marécageux et la Corderie royale, premier bâtiment de l'Arsenal, est, prouesse technique, construite sur un radeau. On y toronne cordes, drisses et amarres. Désormais musée, la Corderie présente l'évolution des techniques et propose jusqu'au 7 janvier l'exposition « Corps de corde », hymne à la corde via des créations d'artistes (Christo, Viallat, Journiac…).
Ouvert en 1666, l’Arsenal restera en activité jusqu’en 1927 ; 550 navires surgiront de ses flancs, dont 350 destinés à l’art de la guerre. Galères, frégates, corvettes ou flûtes, les demoiselles de Rochefort du XVIIIe siècle ne savent que livrer bataille ! L’une d’elles, prénommée « Hermione » ou « Frégate de la Liberté », est construite en six mois. En référence au calibre de 26 de ses 34 canons, elle est dite frégate de 12.
Le souvenir de La Fayette
« L’Hermione » prend à son bord, un petit matin de mars 1780, Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, épris des idées neuves de son siècle et versé dans la franc-maçonnerie. Elle porte ses rêves de grandeur, car l’intrépide officier veut rejoindre les insurgés américains en lutte pour l’indépendance. Au bout de la traversée, qu’il fait pour la deuxième fois, se tient la célébrité, scellée par la victoire de Yorktown en 1781. Il sera « le héros des deux mondes », de la guerre d’Indépendance américaine à la Révolution française. Rochefort lui consacre une exposition unique, « La Fayette, la traversée d’une vie ». À voir jusqu'au 1er octobre au musée Hèbre de Saint-Clément, qui propose par ailleurs une visite virtuelle de la maison de Pierre Loti, natif de la ville, la maison étant elle-même en cours de rénovation.
« L'Hermione » porte aujourd’hui d’autres rêves, mais autant d’audace. La ville de Rochefort a renoué avec son passé maritime grâce à la reconstruction à l’identique du célèbre trois-mâts coulé en 1793. Un défi totalement fou lancé il y a vingt ans par une poignée de passionnés réunis dans l'association Hermione-La Fayette. Pari tenu ! La nouvelle « Hermione » est la plus grande réplique de navire en France. Longue de 65 m, elle est pourvue d’une mâture de 47 m, l’équivalent de 16 étages. Les 400 000 pièces de bois de son ossature de 1 200 tonnes sont portées au vent par 2 200 m2 de voiles.
Pari gagné ! En avril 2015, la traversée transatlantique sur les traces de La Fayette est un magnifique succès, même si les 80 volontaires de l’équipage ont affronté de fortes dépressions dans l’Atlantique Nord. En 27 jours, « l'Hermione » a avalé 7 500 mille marins, soit 13 000 km.
Commandant de la frégate depuis 2012, Yann Cariou évoque les prouesses techniques de cette dernière : « À pleine vitesse, on n’entend aucun bruit, on ne ressent aucune vibration. » L'homme de la mer partage volontiers sa passion avec le public, évoquant par exemple l’apparition jusqu’à 4 mètres de fond d’un tapis inexplicable de microbulles. Tient-on là l’explication du mystère de l'incroyable stabilité de la frégate ? C’est peut-être ce que La Fayette avait lui-même ressenti sur « l’Hermione ». « Elle vole comme un oiseau », écrira-t-il. Louis XVI avait exigé les meilleurs mathématiciens et architectes français pour rivaliser avec le savoir-faire naval anglais.
La belle frégate se visite librement ou guidé par un gabier (marin d’élite, spécialiste des mâtures). Puis elle va larguer les amarres, le 2 février 2018, et mettre le cap sur la Méditerranée pour un périple de 120 jours avec une dizaine d'escales. « L'Hermione » portera les valeurs du projet « Libres ensemble », en partenariat avec l’Organisation internationale de la francophonie.
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