ELUANA ENGLARO est morte le 9 février 2009 dans une clinique d’Udine. Trois jours auparavant, les médecins avaient interrompu l’alimentation et l’hydratation artificielles qui maintenaient en vie cette jeune femme en état végétatif chronique depuis 17 ans, à la suite d’un accident. Le cas avait divisé et divise encore l’Italie. L’autorisation de cesser toute aide avait été obtenue par le père d’Eluana à la suite d’un combat juridique de plusieurs années. Mais Silvio Berlusconi, alors chef du gouvernement, avait tenté d’empêcher cette forme d’euthanasie en déposant un décret-loi. Face au refus du président Giorgio Napolitano de le signer, il avait convoqué en urgence le Parlement pour le faire voter. La mort d’Eluana est intervenue alors que le Sénat délibérait.
La très grande émotion suscitée par la mort d’Eluana a inspiré Marco Bellocchio. Bien qu’admiratif du combat du père de la jeune femme, il a cependant refusé la démonstration partisane, l’idéologie, et voulu élargir l’horizon. Ce n’est donc pas l’histoire d’Eluana qu’il raconte mais celle de trois groupes pendant les quelques jours qui précèdent et suivent son décès. Il y a le sénateur (le grand Toni Servillo) qui n’est pas sûr de vouloir voter comme son parti, celui de Berlusconi, malgré le militantisme de sa fille très catholique (Alba Rohrwacher) ; les convictions de cette dernière vont d’ailleurs vaciller quand elle tombe amoureuse. Il y a la mère, bien nommée Divina Madre (Isabelle Huppert), qui a tout abandonné pour prier au chevet de sa fille dans le coma. Et il y a la droguée (Maya Sansa), qui, elle, veut mourir et qu’un médecin (Pier Giorgio Bellocchio) veut sauver.
Trois belles endormies, tous comptes fait, le vrai sujet du film étant moins le sort des malades en coma végétatif chronique que, comme le note subtilement Toni Servillo, « la possibilité de se réveiller d’un coma émotif, d’un coma des idées ».
Bellocchio ne prend pas parti, on l’a dit, et tous ses personnages, à l’exception de quelques politiques, peuvent susciter l’empathie, avec leurs raisons intimes d’agir. Il explore aussi, comme dans nombre de ses films, à commencer par le premier, « les Poings dans les poches », les frontières de la folie, ce qui peut faire passer d’un relatif équilibre au désordre psychique, et inversement. Passionnant.
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