Cinéma
Le 29 juillet 2012, dans une petite ville du Mali, un homme et une femme, parents de deux enfants, sont lapidés. Leur crime, ne pas être mariés. La lapidation est diffusée sur Internet par ses commanditaires, dans l’indifférence quasi générale. Cette histoire, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a passé une grande partie de son enfance au Mali, l’évoque encore des larmes dans la voix. Elle lui a inspiré un film terrible mais aussi plein d’amour et de musique.
À Tombouctou sous le joug de djihadistes venus d’ailleurs, on ne peut plus fumer, chanter, jouer au football, montrer des mains ou des pieds nus si l’on est une femme et l’on risque les coups ou la mort pour des broutilles. Pour Sissako, il s’agit moins de montrer les exactions de ces extrémistes religieux que le « combat silencieux des hommes et des femmes non armés ». Un combat qui s’incarne simplement dans la vie quotidienne : une partie de foot sans ballon, des chants qui s’élèvent dans la nuit, des rires... Et, non loin de la ville, le bonheur d’une famille. Le cinéaste ne recule pas devant l’horreur – qu’il filme avec sobriété – mais il manie aussi l’humour, voire le burlesque, et la poésie. Un beau film de résistance et d’espoir.
Les ciels de Turner
On est plus perplexe devant « Mr. Turner », dans lequel le Britannique Mike Leigh évoque, à travers les 25 dernières années du peintre, mort en 1851, les affres des artistes, qui sont aussi les siennes. Turner, c’est un « géant, tenace, intransigeant (...), révolutionnaire dans l’approche de son art, dévoué à sa tâche, un visionnaire ». C’est aussi un homme « excentrique, anarchique, vulnérable, imparfait, fantasque et parfois grossier ». Cela fait beaucoup pour un seul film, dure-t-il deux heures trente, et beaucoup pour un acteur, si bien qu’on ne sait pas si Timothy Spall joue très bien ou en fait beaucoup trop. Les grognements du personnage finissent en tout cas par taper sur les nerfs.
Ce qui est beau, dans « Mr. Turner », ce sont les toiles du maître, abondamment montrées, et les paysages et les ciels qui les ont inspirées, filmés ici avec lyrisme. On sourira aussi des démêlés de Turner avec ses pairs, qu’il n’hésitait pas à faire tourner en bourrique. Le problème de « Mr. Turner », c’est peut-être finalement Joseph Mallord William Turner lui-même, qui n’est pas très sympathique.
Et Grace de Monaco, était-elle sympathique ? Le festival s’est ouvert, on le sait, avec l’histoire brodée par Olivier Dahan sur fond de conflit fiscal entre la France et la principauté, en 1962. Il fallait une star pour le tapis rouge, Nicole Kidman en est une grande, même si elle n’a pas tourné que des chefs-d’œuvre. Dans « Grace de Monaco », elle fait le travail, si bien que l’on oublie la vraie Grace Kelly. Il vaut mieux, d’ailleurs, puisqu’on est dans une fiction, dont les rebondissements et le côté roman-photo m’ont, je l’avoue, amusée.
Comment rafraîchir Simenon
On peut se faire sa propre idée, puisque « Grace de Monaco » est sorti dans la foulée du festival. Tout comme « la Chambre bleue », de Mathieu Amalric, présenté dans la section Un certain regard. Amalric, qui a toujours dit qu’il préférait être cinéaste qu’acteur, s’est vu offrir de tourner un film en quelques semaines, alors qu’il prépare depuis longtemps une adaptation du roman de Stendahl, « le Rouge et le Noir ». Il a pioché un livre de Georges Simenon, l’un des auteurs les plus lus et les plus adaptés au monde, et a trouvé, dans la construction du récit et le choix du format (1/33), le moyen de rafraîchir une recette aux ingrédients maintes fois mêlés, cuits et recuits – adultère, mort subite, province. Un film de 1 heure 16, sans gras, joué par Amalric lui-même, Stéphanie Cléau, sa compagne, qui cosigne l’adaptation, et Léa Drucker.
Construction étudiée et enquête criminelle aussi dans « Captives », d’Atom Egoyan, troisième film en compétition. Huit ans après la disparition d’une fillette, les événements se précipitent, dans les paysages enneigés de la région du Niagara. Il y a beaucoup de pistes de réflexion intéressantes dans ce polar d’aujourd’hui. N’était une fin un peu lourde, on n’est pas loin du meilleur d’Egoyan, celui « Des beaux lendemains ». .
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