« Qui a peur de Virginia Woolf ? »est une pièce américaine de légende, notamment à cause de son titre étrange (jeu de mot en anglais sur le « grand méchant loup » et le nom de la grande romancière) et de sa version cinématographique avec Elizabeth Taylor et Richard Burton. Très souvent reprise en France, elle est comme neuve dans l’adaptation leste de Daniel Loayza. Ce qui ne va pas sans interrogations, d’ailleurs, sur le passage incessant du « tu » au « vous ».
Dans un décor esthétisant de Jacques Gabel, des lumières magnifiques de Joël Hourbeigt, des costumes parfaits de Patrice Cauchetier, quatre personnages vont au bout d’une nuit épouvantable. Sur un campus, après une « party », Martha (Dominique Valadié), fille du président de l’université, et son mari George (Wladimir Yordanoff), professeur d’histoire qui doit beaucoup à son beau-père, invitent un jeune couple, Nick (Pierre-François Garel), qui vient d’être nommé, et Honey (Julia Faure). Il est deux heures du matin. Tout le monde a déjà trop bu, tout le monde boira beaucoup trop, en particulier Martha. Elle est le cœur de ce vertigineux emballement de haine, d’humiliation, de jeux pervers. Valadié est extraordinaire et rend avec une autorité et une subtilité fascinante la complexité noire de cette femme que l’on ne saisira vraiment qu’à la fin et qui bouleverse. Yordanoff est magnifique et les deux jeunes comédiens, galvanisés par ces grands fauves, sont eux aussi remarquables.
L’enfer familial
Dans « Déjeuner chez Wittgenstein », un frère, philosophe interné depuis longtemps, Ludwig, Hervé van der Meulen, et ses deux sœurs. L’aînée, qui a décidé de le « récupérer », incarnée par Yveline Hamon, toute en exaspérante sollicitude, et la cadette, alcoolique, égoïste et perfide, Agathe Alexis, qui signe également l’excellente la mise en scène. Dans le petit espace de l’Atalante, très bien utilisé (scénographie et costumes de Robin Chemin), les trois protagonistes se déchaînent eux aussi, pétris de rancœur, déchirés d’amour.
C’est un chef-d’œuvre de Thomas Bernhard. On y retrouve toutes ses obsessions et haines, sa férocité, son sens terrible de l’humour. Les trois interprètes sont remarquables. On frémit et on rit. On est subjugué par cette analyse effrayante de l’enfer familial sur fond de bourgeoisie viennoise. C’est encore un tout petit peu long, mais au fil du temps, la représentation se resserrera. Tel quel, le spectacle vous happe.
** Atalante, à 20 h 30, lundi, mercredi, vendredi, 19 heures jeudi, samedi, 17 heures dimanche, et le 31 janvier supplémentaire à 20 h 30. Jusqu’au 1er février, puis en tournée. Tél. 01.46.06.11.90, www.theatre-latalante.com.
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