Théâtre
Une grande pièce de l’écrivain autrichien. Un thème qu’il a plusieurs fois abordé. Un comédien parle de son art. On ne sait jamais si c’est un génie méconnu ou un ringard lamentable. Bernhard aime de toute manière ses personnages, aussi ridicules puissent-ils paraître. C’est un tyran que ce « faiseur de théâtre ». Il domine sa famille : sa femme, son fils, sa fille. Ils jouent ensemble. Ce soir-là, ils se produisent dans une auberge. Un trou perdu. Il fait face. Il joue son rôle de grand comédien. On voit les gens de l’auberge. On n’est pas certain que Julia Vidit, qui signe la mise en scène, ait eu raison de traiter ces trois figures comme des marionnettes farcesques. Elle leur arrache toute la force qu’avait voulue l’auteur. Ils sont comme des comédiens grotesques. Mais l’idée ne fonctionne pas.
Autour du « Faiseur », une famille faible, et, là aussi, les comédiens sont dirigés d’une manière floue. Demeure une seule personne, sur laquelle repose tout le spectacle : Bruscon, l’Acteur avec un grand « A ». Et comme c’est un acteur avec un très grand « A », François Clavier, qui l’incarne, on ne décroche pas deux heures quinze durant. On est happé par le sentiment de vérité, par les mille et une variations subtiles qu’il introduit dans le flot continu des paroles de Bruscon. C’est remarquable. Il joue vrai, sincère.
Il est d’autant plus dommage que le metteur en scène ne soit pas plus simple et ne fasse pas plus confiance au texte puissant et féroce de Bernhard quand il s’agit des aubergistes. Mais cela ne compromet en rien le plaisir que l’on a à suivre François Clavier, et sa « famille » est mieux traitée et les scènes fonctionnent bien.
Théâtre de l’Athénée (01.53.05.19.19, www.athenee-theatre.com), à 19 heures le mardi, à 20 heures du mercredi au samedi. Jusqu’au 12 avril. Durée : 2 h 15 sans entracte.
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