Que peut-il y avoir de commun entre Georges Feydeau et Lars Norén ? Qu’est-ce qu’il y a de compatible entre le vaudevilliste français de « Mais n’te promène donc pas toute nue », qui date de 1911, et des œuvres contemporaines du dramaturge suédois né en 1944 ? Musicienne, danseuse, comédienne, metteuse en scène, directrice de compagnie, Émilie Anna Maillet rêvait depuis huit ans du spectacle qu’elle présente actuellement au Paris-Villette, « Toute nue » (1).
C’est Feydeau qui domine. La pièce célébrissime a été allégée, mais elle prend aujourd’hui, hasard de l’actualité politico-médiatique, une force hallucinante. Ventroux (Sébastien Lalanne) vient d’être élu député et pense qu’il sera bientôt ministre. Il s’apprête à recevoir un de ses adversaires, Hochepaix (Denis Lejeune), qui a besoin de lui. Un jeune journaliste du « Figaro », De Jaival (Simon Terrenoire en alternance avec Matthieu Perotto), veut interviewer l’homme d’avenir. Dans cette version, il est accompagné d’un reporter d’image qui est le vrai vidéaste du spectacle . L’épouse de Ventroux, Clarisse (Marion Suzanne), vient de rentrer à la maison. Son homme ambitieux l’a envoyée à un mariage ennuyeux. Elle crève de chaud et se dévêt peu à peu. Au centre du salon, une batterie, tenue par un virtuose, François Merville, qui incarne Victor, le valet.
La scénographie est originale et efficace. La folie est là, très vite, et Norén surgit en doses précises et noires. Le couple est au cœur. Mais le spectacle va bien au-delà. Ici, la nudité fait sens et n’embarrasse en rien. Les comédiens, remarquables, occupent tout l’espace du théâtre. C’est très drôle. Très drôle !
Un dîner explosif
Comme l’est « Kadoc » (2), de Rémi De Vos, dans la mise en scène de Jean-Michel Ribes. On plonge dans le monde de l’entreprise. Mais on demeure du côté de la question des couples.
Dans un décor à deux étages qui ne cherche aucun effet de réel, le patron, Wurtz (Jacques Bonnaffé), se fait du souci. Sa femme Nora (Marie-Armelle Deguy) est dépressive jusqu’au délire. L’un de ses employés, Schmertz (Yannick Landrein), est angoissé et a des visions. Il est marié avec une épouse qui tente de le raisonner (Caroline Arrouas). Un jour, au supermarché, Wurtz rencontre une femme qu’il prend pour cette dernière et l’invite à dîner. Or, il s’agit de Marion Goulon (Anne-Lise Heimburger), mariée à un autre employé (Gilles Gaston-Dreyfus), qui lui déteste son patron. Cela finira donc par un dîner inattendu et très explosif…
Avant cela, que de folie ! Mais pas seulement. Jacques Bonnaffé, avec une douceur infinie, donne une épaisseur humaine bouleversante à Wurtz, tout comme Yannick Landrein, exceptionnel dans la panique exprimée en clownerie. Sous la houlette de Jean-Michel Ribes, qui aime la férocité farcesque et dévastatrice de Rémi De Vos, chacun suit sa ligne avec virtuosité. Superbe. Et ici également on rit. On rit énormément !
(1) Théâtre Paris-Villette, jusqu’au 21 mars. Du mardi au jeudi à 21 heures, vendredi 19 heures, samedi 20 heures, dimanche 15 h 30. Durée 1 h 15. Tél. 01.40.03.72.23, theatre-paris-villette.fr (2) Théâtre du Rond-Point, jusqu'au 5 avril. Du mardi au samedi à 21 heures, dimanche 15 heures. Durée 1 h 30. Tél. 01.44.95.98.21, theatredurondpoint.fr
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