ON PÉNÈTRE dans la petite salle de la MC93 et l’on découvre une sorte de casemate posée sur le plateau. Il paraît qu’il s’agit d’un bloc de marbre, mais, en fait, on voit plutôt une maison de terre, avec un passage au milieu et, sur l’une des façades, la silhouette d’un homme, de dos. Comme un bloc qui serait en train d’être sculpté.
On ne vous dira rien de la manière dont commence ce spectacle bref, vif, méchant, impudent, délicieux : Hervé Briaux, comédien d’exception, a lu la correspondance du génie que fut et que demeure pour jamais Michel-Ange et s’est étonné des mesquineries, des travers, des manœuvres, des méchancetés, des calculs, des petitesses du grand homme.
Mais il aurait pu entendre, dans cette épaisse correspondance (500 lettres sur les milliers qu’il écrivit), autre chose. L’angoisse, la terreur, l’effroi d’être au monde, la peur du petit garçon qui perd sa maman lorsqu’il a 6 ans et qui, à près de 89 ans, lorsqu’il meurt, est toujours cet orphelin.
Peu importe ici. Briaux est doué et a composé un texte qui est matière théâtrale. Dans la scénographie de Chantal de La Coste, les lumières de Marie Nicolas, les sons et la musique de Jean-Philippe François (avec en plus une chanson de Nicolas Daussy), il dirige son complice, le comédien Luc-Antoine Diquéro, époustouflant « rapporteur » des travers du grand homme. On rit beaucoup. On est ému. On s’amuse. On pense au « vrai » Michel-Ange, à l’homme de génie. On s’en moque qu’il ait été caractériel, mais quelle bonne matière pour un moment de virtuosité féroce et irrésistible ! Intelligent, plaisant et plein d’informations.
MC93 de Bobigny (tél. 01.41.60.72.72, www.MC93.com), lundi, vendredi, samedi 20 h 30, mardi 19 h 30, dimanche 15 h 30. Relâche les mercredi et jeudi. Durée : 1 h 15. Jusqu’au 15 octobre, puis Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau, les 28 et 29 novembre.
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