DÈS LES PREMIÈRES années de sa vie, Jossot, issu d’une famille bourgeoise de Dijon, fut en révolte contre son milieu, contre les chemins tout tracés et contre l’ordre établi. À 28 ans, il est proche des symbolistes et des représentants de l’art nouveau. En réaction au réalisme triomphant de l’époque, il développe un style graphique simplifié, très décoratif, aux formes synthétisées, audacieuses, épurées, inspirées des enluminures médiévales et des estampes japonaises. Les lignes, souples et sinueuses, déploient de subtiles arabesques.
Après une brève période passée à réaliser des affiches pour la publicité, où il fait preuve d’un humour et d’une audace particulièrement réjouissants (Le Guignolet-Cointreau, Saupiquet...), Jossot se tourne résolument vers la caricature. Pour « l’Assiette au beurre », hebdomadaire satirique de critique sociale, il croque avec causticité dès le premier numéro, daté du 4 avril 1901, tous les travers de son époque et toutes les institutions : l’armée, l’Église, la justice. Les catégories et les types sociaux les plus divers étaient visés par Jossot, particulièrement les bourgeois, qu’il considérait comme cyniques, vains et invariablement ventripotents.
Jossot affûta sa plume, aiguisa son œil et excella tout autant dans la caricature politique que dans les scènes de mœurs, dans l’allégorie que dans la charge. L’humour est là, bien sûr, mais également une certaine forme de cruauté, de cynisme. Jossot considérait la caricature comme un « exutoire de la haine ». Au fil du temps, l’artiste, dépressif et misanthrope, devient plus philosophe. Il réalise des autoportraits où il se décrit en penseur solitaire ou en pédagogue.
Familier de la Tunisie, Jossot s’y installe définitivement en 1911. C’est là que, apaisé, il réalise des peintures, aquarelles et encres placides et élégantes, tout en stigmatisant la colonisation et en chantant les charmes pittoresques du Maghreb. Sa technique reste d’une modernité et d’une invention brillantes. Sa force graphique ne se tarit pas. Il se convertit, en 1913, à un Islam proche du soufisme. Il meurt en 1951, sans avoir jamais revu la France.
Bibliothèque Forney, 1, rue du Figuier, 4e, tél. 01.42.78.14.60. Tlj sauf lundi et dimanche, de 13 à 19 heures (fermeture les 23 avril, 2 et 11 juin). Jusqu’au 18 juin.
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