POUR QUI CONNAÎT les textes et les spectacles de Rodrigo Garcia, artiste né et élevé en partie en Argentine de parents espagnols et qui travaille aujourd’hui à Madrid, « Golgota Picnic » n’a rien d’étonnant. Cet artiste dont la formation passe par une connaissance profonde de la peinture occidentale, de la littérature et des textes sacrés dont nos cultures sont nourries, s’est fait connaître par sa haine de la société de surconsommation, par son dégoût de l’argent roi, par sa détestation de tout ce qui conduit à un espace mondialisé qui arase les différences des civilisations de la Terre. On retrouve tout cela dans « Golgota Picnic », texte rageur, dans l’invective, l’éructation, texte composé et mis en scène avec une profonde obsession, celle de la figure du Christ. Le ton est très provocateur. Par exemple, il moque la multiplication des pains pour dire que Jésus aurait mieux fait de trouver du travail à tous ces gens qu’il nourrit... et le décor est d’ailleurs un pavement de vrais petits pains à hamburgers avec, au fond, un écran sur lequel sont projetées des images filmées en direct sur le plateau ou tournées en extérieur avec de spectaculaires chutes libres de parachutistes…
Le texte, traduit par Christilla Vasserot (édition Les Solitaires intempestifs), est un flot sans indication de « personnage », partagé sur scène entre plusieurs protagonistes, quatre hommes, une femme. Ajoutons le pianiste Marino Formenti, qui clôt la représentation en interprétant (dans la tenue d’Adam) « les Sept Dernières Paroles du Christ sur la croix » de Joseph Haydn, plongeant l’auditoire médusé dans la paix et la réflexion. Certains observateurs, des chroniqueurs religieux notamment, voient dans les dernières images filmées, une femme, bras en croix et stigmates, planant au-dessus de la Terre, comme l’annonce du retour du crucifié sur Terre. Il y a en tout cas dans « Golgota Picnic » une dimension métaphysique
On le voit, on est devant une œuvre complexe. Les groupes politisés, l’Institut Civitas en particulier, ont poursuivi la mobilisation entamée contre le spectacle de Romeo Castelluci. Mais Mgr Vingtrois s’est lui aussi prononcé et a organisé une veillée à Notre-Dame de Paris le soir de la première au Rond-Point. Là, 800 policiers encadraient le théâtre, soit plus que de spectateurs dans la grande salle tandis que des manifestants venaient déposer des fleurs blanches devant le théâtre.
Théâtre du Rond-Point, salle Renaud-Barrault, à 21 heures jusqu’au 17 décembre (tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr). Durée : 2 h 10.
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