ON NE DÉPLORERA jamais assez les ravages que la mode fait subir au théâtre. Parce que Labiche (avec ses amis coauteurs, ici Edmond Gondinet) est souvent féroce et noir, il faudrait le monter dans des humeurs sinistres. Parce que Labiche a eu les honneurs de très grands metteurs en scène, notamment de langue allemande, qui aiment en rajouter sur le noir, on ne peut plus voir un spectacle d’après une pièce de ce génie rieur sans que le noir soit présent.
Ici, le noir envahit d’entrée, puisque les murs, certains meubles, la cheminée, tout est noir. Eh bien le noir étouffe et absorbe et c’est étrange comment cette comédie extravagante et très drôle, jouée par d’excellents comédiens, est littéralement éteinte par ce noir qui a tout envahi.
Jean-Michel Adam et Didier Long ont eu là une bien mauvaise idée. On ne leur demande pas un décor de boulevard avec du rose indien et du turquoise ! Mais que c’est bête d’aller peu à peu vers l’abstraction quand on a une pièce aussi bien écrite, des comédiens aussi intelligents, doués, personnels, et des costumes superbes signés Pascale Bordet.
Le noir est comme du mazout qui plombe les ailes des comédiens. Lorsque nous avons vu le spectacle, samedi soir 28 septembre, c’était terrible. On aurait dit une veillée funèbre et, d’ailleurs, on sent que c’est ce que veut Didier Long. Il pourrait aussi penser son et musique (et pas seulement entre les actes), cela donnerait un peu d’allégresse supplémentaire à la représentation.
Le public n’arrivait pas à rire franchement. C’est vraiment dommage. Libérez les acteurs, repeignez-moi ces murs, mettez de la gaîté, de l’alacrité, de la vie !
Louons les interprètes, tous merveilleux, même si on a une petite faiblesse pour Constance Dollé, remarquable. Arthur Jugnot, Jean Benguigui, Henri Courseaux, Arnaud Gidoin, Rachel Pignot, Roxanne Roux, Séverine Vincent sont épatants, mais qu’on les laisse s’amuser ! Et nous faire rire !
Théâtre Hébertot (tél. 01.43.87.23.23, theatrehebertot.com), du mardi au samedi à 21 heures, matinées le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 16 heures. Durée : 1 h 50. Texte publié par « L’Avant-scène théâtre » avec un dossier documentaire, n° 1348, 1er septembre 2013 (12 euros)
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série