« Sully »

L'héroïsme modeste

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Publié le 01/12/2016
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Ciné-Sully

Ciné-Sully
Crédit photo : WARNER BROS

Tout le monde se souvient du spectaculaire amerrissage d'un avion de ligne sur l'Hudson, près de Manhattan, le 15 janvier 2009. Sully est le diminutif du nom du commandant, Chelsey Sullenberger. Un héros de film-catastrophe comme le cinéma américain les affectionne ? Pas tout à fait. Et l'on voit bien ce qui, dans cette histoire, a pu fasciner Clint Eastwood. Ce sont les heures, les jours de doute, suscités par une enquête du Conseil national de la sécurité des transports. En choisissant l'amerrissage, le pilote n'aurait-il pas lui-même créé le danger, qui n'aurait pas existé s'il avait fait un autre choix ?

Le suspense est là, dans la responsabilité ou non du pilote et les questions que lui-même se pose. Le film le construit habilement, avec de courts flash-back qui peuvent se répéter, car on ne les voit pas chaque fois du même œil.

Là où il n'y a pas de suspense, c'est dans le savoir-faire de Tom Hanks, qui joue de toutes les nuances de l'héroïsme modeste. Clint Eastwood, lui, n'est pas un grand adepte des nuances, et quand le bien triomphe, on entend les violons même quand il n'y en a pas. Mais il sait nous mettre dans l'avion en train de tomber ou sur le banc des accusés en même temps que Sully, alors on marche, ou plutôt on vole. Et un conseil : ne manquez pas le générique de fin, pour une dose supplémentaire de simplicité héroïque.

Drogue et corruption

À l'affiche également cette semaine, « Ma' Rosa », de Brillante Mendoza, qui nous emmène aux Philippines, le pays dont le nouveau président, Rodrigo Duterte, mène une guerre brutale et aux moyens contestés contre la drogue. Inspiré d'une histoire vraie, le film suit une mère des bidonvilles de Manille, qui, pour survivre dans sa petite épicerie, vend aussi des narcotiques ; arrêtée, elle est confrontée à la corruption à tous les étages et ses enfants auront bien du mal à racheter sa liberté. Le rôle a valu à Jaclyn Jose, vedette dans son pays, le prix d'interprétation féminine à Cannes.

Parmi les autres nouveautés à l'affiche, « les Enfants de la chance », de Malik Chibane, inspiré de l'histoire de Maurice Grosman, sauvé, comme d'autres enfants, de la déportation par la maladie et un médecin (dans le film Philippe Torreton) ; « Oppression », un thriller avec Naomi Watts. Et deux films d'animation : pour les enfants, la nouvelle production Disney, « Vaiana », du côté des îles du Pacifique et de la culture polynésienne ; pour les adultes (interdit aux moins de 12 ans en France, aux mineurs aux États-Unis), « Sausage Party », de l'humour trash.

* Pour Noël, Warner Bros publie une Anthologie Clint Eastwood en 40 films (coffret de 50 DVD, autour de 250 €)

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9539