Théâtre
C’est avec sa collaboratrice de près de 35 années, Marie-Hélène Estienne, que Peter Brook nous entraîne dans une nouvelle aventure intellectuelle, sensible, théâtrale. Pour construire « The Valley of astonishment », ils ont consulté des médecins, des spécialistes du cerveau, mais aussi un magicien !
Pas de texte au départ, contrairement à l’adaptation de « l’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau », l’ouvrage d’Oliver Sacks. Mais des destins croisés, des scènes imaginées sans doute, une fantaisie merveilleuse, une tendresse pour ces êtres qui sont paumés. Paumés parce qu’ils ont des « dons » qui provoquent la fascination des autres, mais engendrent aussi pour eux bien des souffrances.
L’espace est très simple : dans le beau théâtre que l’on croit usé par le temps (mais c’est un art !), un plateau carré est posé au sol (ce sera tout à l’heure un tableau), quelques chaises de bois clair, deux petites tables sur roulettes, quelques blouses blanches accrochées d’un côté (les trois comédiens sont tour à tour patients ou médecins ou organisateurs de spectacles, etc.). Côté cour (à droite pour nous, spectateurs) sont les musiciens. Raphaël Chambouvet et Toshi Tsuchitori, le maître japonais des percussions, qui travaille avec Peter Brook depuis des dizaines d’années.
Trois comédiens à forte personnalité sont la sève de la représentation. L’Italien Marcello Magni, l’Américain Jared McNeill, et Kathryn Hunter, née de parents grecs à New York et élevée à Londres. Ils passent d’un personnage à l’autre avec fluidité. Mais chacun défend un personnage principal et nous sommes à la fois amusés (et l’on rit beaucoup) et bouleversés par ce que l’on comprend des paradoxaux mystères du cerveau.
Qu’est-ce que percevoir ? Retenir ? Apprendre ? Pourquoi certains êtres mobilisent-ils à la fois la vue, l’odeur, le son, etc., pour mémoriser ? Comment se fait-on parfois, littéralement des « films » dans la tête pour retenir telle ou telle liste ? C’est passionnant et incarné avec tant de talent et de profondeur humaine que l’on a le sentiment de saisir un peu des mystères auxquels seuls de grand neurologues ont accès. Et puis, surtout, il ne s’agit pas d’une conférence, mais bien de théâtre dans son accomplissement le plus pur. Joué en anglais (très clairement) avec un surtitrage central très lisible, ce moment est une épure d’art et de science, d’humanité.
Théâtre des Bouffes du Nord (tél. 01.46.07.34.50, www.bouffesdunord.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 15 h 30. Durée : 1 h 15. Jusqu’au 31 mai. Une tournée suit, en France et à l’étranger. Un livre vient de paraître, « la Qualité du pardon », réflexions sur Shakespeare par Peter Brook (Seuil, 15 euros).
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