DANS LA PETITE SALLE perchée tout en haut du Lucernaire, le public est installé sur trois côtés. La comédienne est au plus près, avec pour tout décor, des tables à tréteaux, enchevêtrées, quelques sièges, un manteau de cuir vert, des boîtes contenant des boutons, des morceaux de tissus – laine polaire en particulier –, des ciseaux. La jeune femme qui s’adresse à nous, teint pâle, chevelure roux foncé, est vive, souriante, volubile. Elle est à la fois une dame qui n’est plus là, Germaine, sa grand-mère, et Natasha, comédienne.
Rien de linéaire dans ce récit qui a été composé par Laurence Masliah. Elle a travaillé avec Marina Tomé et Mariette Navarro. Patrick Haggiag signe la mise en scène. C’est un moment de pur théâtre, enlevé, très touchant, fruit du travail d’une interprète remarquable. Germaine, 19 ans, arrive en 1943 dans la maison de Moissac où Shatta et Bouli Simon s’occupent d’enfants juifs, qui devront être dispersés lorsque la zone libre sera envahie par les Allemands. La toute jeune femme devient agent de liaison et poursuit son travail de protection des enfants. On recompose à travers des fragments. Elle coud sous nos yeux l’Histoire. Surgit le personnage original de cette grand-mère, qui a une passion pour les mots, le travail et… André Dussollier – que l’on entend, off, vers la fin, dans le rôle d’Alceste. Le personnage de Natasha-Laurence se dévoile un peu aussi.
C’est très elliptique et léger, émouvant, beau. Souvent drôle jusqu’à la cocasserie, aussi. Si Germaine peut dire : « J’ai de la chance », on a le sentiment que, dans cette famille, la vie est souvent grave. Mais l’humour nourrit la vitalité.
Lucernaire (tél. 01.45.44.57.34, www.lucernaire.fr), à 19 heures du mardi au samedi, jusqu’au 4 janvier. Durée : 1 heure. Texte en vente au théâtre ou par www.envotrecompagnie.fr.
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