De l'Espagne à l'Afrique

Leçons de corruption

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Publié le 13/04/2017
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Cinéma-L'homme aux mille visages

Cinéma-L'homme aux mille visages
Crédit photo : DR

« Je continue à me demander pourquoi il existe, dans ce monde, des gens avec une morale si différente de la mienne. » Pour répondre à cette très bonne et très actuelle question, Alberto Rodriguez, le réalisateur de l'excellent polar « la Isla Minima », s'est penché sur le cas de Francisco Paesa, « l'Homme aux mille visages ». Engagé pour résoudre une affaire de détournement d'argent impliquant le chef de la Guardia Civil et jusqu'au gouvernement de Felipe Gonzalez, cet ex-agent secret espagnol en a profité pour rafler un énorme magot.

L'histoire est compliquée, d'autant que ses mystères, vingt ans après, n'ont pas tous été éclaircis – les auteurs du film se sont donc servi de la fiction, inventant en particulier le personnage du narrateur. Elle est encore plus difficile à comprendre pour le spectateur qui n'a suivi que de loin, ou pas du tout, les soubresauts de la vie politique espagnole dans les années 1990. Mais cela n'empêche pas de s'intéresser aux tours et métamorphoses de ce héros particulier, incarné avec force par Eduard Fernandez, sacré meilleur acteur au festival de San Sebastian. D'autant que le cinéaste a su injecter une indispensable dose d'humour corrosif.

La corruption est aussi en cause dans « Bienvenue au Gondwana », signé par l'humoriste nigérien Mamane : il y est question, sur le mode de la comédie satirique, des élections biaisées dont sont victimes nombre de peuples africains.

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Dans « C'est beau la vie quand on y pense », Gérard Jugnot aborde la question du don d'organes, en passant des larmes au sourire : un homme qui a un peu tout raté retrouve celui qui a reçu le cœur de son fils, mort dans un accident et dont il s'était peu occupé. Versant comédie, « Un profil pour deux », de Stéphane Robelin, avec Pierre Richard en veuf qui découvre les joies d'Internet et s'inscrit sur un site de rencontres, mais avec la photo du jeune homme (Yaniss Lespert) qui lui apprend l'informatique. Et, pour les plus jeunes d'esprit, « Boule & Bill 2 », avec Franck Dubosc et Mathilde Seigner.

À signaler également : « The Young Lady », premier film du metteur en scène de théâtre William Oldroyd, d'après « Lady Macbeth du district de Mtsensk », de Nicolaï Leskov (mariée à un lord, elle s'éprend du palefrenier) ; « Je danserai si je veux », de Maysaloun Hamoud, qui aborde les problèmes de la société arabe israélienne à travers trois jeunes femmes qui s'installent en colocation à Tel Aviv ; et « Lettres de la guerre », du Portugais Ivo M. Ferreira, d'après les lettres écrites par Antonio Lobo Antunes, alors jeune médecin, lors du conflit colonial en Angola (1971-1973) ; « la Jeune Fille et son aigle », documentaire tourné en Mongolie.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9572