À Paris, au musée Maillol

Le trésor du saint napolitain

Publié le 02/05/2014
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Crédit photo : M. D'ELETTO

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Crédit photo : M. D'ELETTO

Art

À Naples, en 1631, une éruption du Vésuve fait 4 000 morts ; puis, en 1656, une épidémie de peste décime la moitié de la population. Les Napolitains, regroupés au sein de la Députation, institution laïque, passent alors un pacte avec San Gennaro, le patron de la ville : en échange de sa protection, ils s’engagent à lui constituer un trésor.

Décapité lors des persécutions de l’empereur Dioclétien en 305, Gennaro devient patron de la ville à la suite d’un miracle : son sang, recueilli dans deux ampoules, se liquéfie trois fois par an aux mêmes dates. Dès le XIVsiècle, le roi Charles II d’Anjou l’honore d’un buste reliquaire en or et pierres précieuses, mais c’est la Députation qui va créer le trésor, aujourd’hui riche de 21 610 chefs-d’œuvre. Car pour soutenir San Gennaro dans sa tâche, elle fait appel aussi à d’autres patrons, 51 au total, pour lesquels elle commande des statues et des bustes colossaux en argent (17 sont présentés), qui viennent enrichir le trésor de la chapelle qui lui est consacré.

On retrouve dans le trésor les figures de la Bible, Tobie et l’ange, des saints, Michel, Irène, qui protège la ville contre l’orage et la foudre, des figures des grands ordres religieux, Saint François Xavier, Sainte Thérèse d’Avila… Des œuvres réalisées par les meilleurs orfèvres (San Martino, Vaccaro, Vinacccia). S’y ajoutent des tableaux des peintres les plus réputés (Giordano, Pretti, Solimena) et des joyaux, parmi lesquels une mitre en or incrustée de 3 974 pierres précieuses.

Tous les souverains enrichiront le trésor : bougeoirs, calices (Ferdinand IV de Bourbon, Marie-Thérèse d’Autriche), ostensoirs (Murat). Sur le collier du saint datant de 1679, chacun ajoutera un élément au cours des deux cents années suivantes. C’est donc une histoire de la riche orfèvrerie napolitaine ainsi que celle du royaume qui se découvre à travers la dévotion pour le saint. Une procession annuelle la maintient toujours vivante, à Naples mais aussi dans le quartier de Little Italy, à New York.

Musée Maillol-Fondation Dina Vierny (tél. 01.42.22.59.58, www.museemaillol.com) tous les jours de 10 h 30 à 19 heures, le vendredi jusqu’à 21 h 30. Jusqu’au 20 juillet.

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du Médecin: 9323