LES BRITANNIQUES, qui sont restés ici un siècle et demi, succédant aux Hollandais et aux Portugais, aimaient cette île exotique où tout pousse sans retenue. Dans le parc botanique de Peradeniya, à une heure de route de Kandy, ils ont rassemblé plusieurs milliers d’essences exubérantes, à la manière d’un jardin anglaisn: flamboyants de Madagascar, palmiers royaux importés de Panama, arbustes à épices, forêt de bambous. Lord Mounbatten a repiqué en 1945 un Amherstia nobilis ; en 1905, le roi George et la reine Mary ont planté un Couroupita guianensis aux fleurs roses dotées de corolles tentaculaires.
Mais, sur cette terre qui dispense aussi la vanille, le girofle, la cannelle, les piments et toutes sortes d’épices, les Anglais ont préféré cultiver le théier. Ils ont déboisé les montagnes du centre pour les couvrir de rangées de bonsaïs d’un vert cru, qui donnent l’une des meilleures infusions du monde. Ainsi, la petite ville de Nuwara Eliya, au coeur de l’île, est-elle devenue la capitale mondiale du thé. Elle est cernée par des collines vertes, où des mains habiles coupent dès l’aube les trois premières feuilles de chaque tige.
Il faut beaucoup d’insouciance pour se laisser engourdir par les vapeurs de thé et limiter son séjour au Sri Lanka à l’observation des grands arbres et des fleurs parfumées. Même si la rivière Kelani, qui serpente dans les grandes forêts du Sud-Ouest, a des parfums d’aventure. Une jungle dense d’où émergent, dans un fouillis tropical, des arbres géants couverts de lianes. Au loin, le pic d’Adam, montagne sacrée des bouddhistes, s’évaporent dans les brumes. Sur les rochers qui bordent le fleuve, les fondations du « Pont de la rivière Kwaï » sont les seuls souvenirs du grand film réalisé à la fin des années 1950 par David Lean.
À Sigiriya, en plein cœur de l’île, un rocher rouge, immense, incongru, émerge d’une jungle dense. Ici, le quotidien a des couleurs de tableaux impressionnistes. Parce qu’il avait assassiné son père en 477, Kasyapa, souverain de Ceylan, choisit ce haut rocher pour bâtir une forteresse géante à la manière du Machu Pichu péruvien. Malgré les apparences, cette spendide capitale a surtout été construite pour le plaisir. Pavillons, jardins, bassins s’étagent au milieu d’un parc extraordinaire.
Dans les grottes qui s’engouffrent sur les parois vertigineuses, le roi, qui était aussi un mécène et un esthète, avait fait peindre de magnifiques fresques qui ont conservé – depuis quinze siècles – une étonnante fraîcheur. Ce sont les appétissantes et ravissantes « demoiselles de Sigiriya ». Il n’en reste aujourd’hui qu’une vingtaine. Princesses, courtisanes ou nymphes divines ? L’unanimité se fait seulement sur leur beauté.
Sanctuaires.
Les grottes et les cavernes du Sri Lanka recèlent ainsi d’incroyables sanctuaires bouddhistes, comme les temples rupestres de Dambulla, où des Bouddha géants – couchés, debouts, en position du lotus – veillent sur un décor d’une grande richesse picturale.
Polonnaruwa, l’ancienne capitale de Ceylan, est le plus beau site archéologique de l’île. Dans un immense parc sauvage, les ruines d’un empire du XIIe siècle ont été dégagées d’une végétation envahissante : temple-caverne, palais, bibliothèque, sculptures immenses taillées dans le granit. Un Bouddha couché (15 m de long) est drapé d’une robe aux plis parfaits et son visage apaisé reproduit l’expression parfaite de l’extinction de soi.
Plus au nord, le site Anuradhapura, longtemps oublié pour cause d’insécurité, est un des plus hauts lieux de prière du pays. La Dagoba Ruvenvelisiya, dont la plate-forme est ornée d’une armée d’éléphants, possède en son centre un stupa colossal qui mesurait plus de 100 m de hauteur au temps de sa splendeur. Aujourd’hui, il culmine encore à 55 m après de multiples restaurations.
Enfin Kandy, la capitale de la montagne, lovée autour d’un lac et de collines, abrite le Dalada Maligawa, ou temple de la Dent, la relique la plus vénérée du bouddhisme. Chaque année, durant le mois lunaire d’Esala, en juillet et août, la ville s’embrase des feux des mille et une nuits, portés par des éléphants caparaçonnés. Sans doute les plus beaux fastes de l’Asie.
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