Trois films contrastés

Le réel, la comédie, le mélo

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Publié le 06/10/2016
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Cinéma-Le Ciel attendra

Cinéma-Le Ciel attendra
Crédit photo : GUY FERRANDIS

Cinéma-Bridget Jones

Cinéma-Bridget Jones
Crédit photo : UNIVERSAL

Cinéma-Une vie entre deux océans

Cinéma-Une vie entre deux océans
Crédit photo : METROPOLITAN

Dans « les Héritiers », Marie-Castille Mention-Schaar filmait déjà l'évolution d'adolescents, qui, confrontés au souvenir de la Shoah, abandonnent certains de leurs préjugés. Dans « le Ciel attendra », elle s'attache à une métamorphose beaucoup plus inquiétante, celle d'une adolescente sans problème qui va se radicaliser. En parallèle, elle suit une autre jeune fille, qui parcourt sous la contrainte le dur chemin du désembrigadement.

En France, 600 mineurs sont suivis pour radicalisation. La réalisatrice, auteur du scénario avec Émilie Frèche, s'est beaucoup informée, auprès de personnes concernées, notamment de parents de jeunes partis en Syrie, de Dounia Bouzar, qui joue son propre rôle d'animatrice de séances de déradicalisation*, et d'une jeune femme qui avait rejoint Daesh et est revenue. Mais, loin du documentaire, Marie-Castille Mention-Schaar nous fait entrer dans l'intimité des deux adolescentes et de leurs familles et, par une construction subtile, suscite un suspense continu et, parallèlement, une émotion qui peut aller jusqu'à l'empathie.

Les deux jeunes interprètes, Noémie Merlant et Naomi Amarger, sont à la hauteur du sujet. Tout comme Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau, les mères. Un beau film à voir, et à discuter.

Le retour de Bridget

On l'a découverte dans la trentaine, avec ses kilos en trop, son penchant pour le chardonnay, sa peur de vivre seule et son humour (« le Journal de Bridget Jones », 2001). On a mûri (ou vieilli) avec elle, passée en 2004 par un prétendu âge de raison, et on est heureux de retrouver à 43 ans, toujours célibataire, cette éternelle optimiste que son interprète, Renee Zellweger, trouve « parfaitement imparfaite ». Daniel Cleaver (Hugh Grant) n'est plus là, mais heureusement l'irrésistible, arrogant et très anglais Darcy (l'auteur des livres, Helen Fielding, s'est inspirée de Jane Austen) revient dans la vie de Bridget. Tandis qu'elle rencontre un non moins irrésistible, et richissime, Américain, inventeur de « l'algorithme de l'amour », Jack Qwant (Patrick Dempsey, le séduisant neurochirurgien de « Grey's Anatomy »).

Dans « Bridget Jones Baby », réalisé, comme le premier opus, par Sharon Maguire, il y aura donc un bébé. Et une amusante gynéco-obstétricienne incarnée par Emma Thompson, qui a collaboré au scénario. Les dialogues et les rebondissements de la comédie, qui se veut bien sûr romantique, ne sont pas toujours de la plus grande originalité, mais on passe un agréable moment en compagnie de cette chère Bridget et de ses deux hommes.

De la comédie aux larmes, voici « Une vie entre deux océans », de Derek Cianfrance d'après le best-seller du même titre de l'Australienne M.L. Stedman (2012). Un mélodrame pur jus avec son accumulation de situations pathétiques et de coups de théâtre (deux éléments qui définissent le genre selon le Larousse) et la musique qui va avec (d'Alexandre Desplat, s'il vous plaît !). On n'est plus habitué à ce déferlement de malheurs et ce serait presque trop, d'autant qu'il est question d'une femme en mal d'enfant et d'un bébé échoué sur une plage. Mais le film bénéficie de plusieurs atouts. Son couple vedette, bien sûr, Michael Fassbender et Alicia Vikander, encore que le premier me semble plus crédible en Steve Jobs qu'en gardien de phare. Et les paysages de Nouvelle-Zélande, avec port Campbell, choisi pour son phare, et la région de Dunedin. On peut y ajouter l'évocation du climat d'après guerre (la première) et les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les personnages, qui rendent la deuxième partie du film plus intéressante que la première.

Et aussi

Tim Burton livre « Miss Peregrine et les enfants particuliers », en 3D, avec Samuel L. Jackson dans le rôle du méchant, à voir à partir de 8-10 ans. Mark Wahlberg affronte dans « Deepwater », d'après une histoire vraie, la catastrophe pétrolière survenue au large du Mexique en 2010.

À Paris, à la Cinémathèque, l'exposition sur les techniques cinématographiques, « De Méliès à la 3D », vient d'ouvrir ses portes (jusqu'au 29 janvier). À Lyon, le festival Lumière alignera, du 8 au 16 octobre, des invités prestigieux (Catherine Deneuve, Gong Li, Walter Hill, Park Chan-wook, Gaspar Noé, entre autres) et sera riche en hommages (Michael Cimino, Abbas Kiarostami, Jim Harrison, Chantal Akerman) et en rétrospectives (entre autres Marcel Carné, Buster Keaton, Tarantino, les actrices qui ont fait Hollywood). 

* Anthropologue, Dounia Bouzar a créé le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam. Ses théories, sinon ses méthodes, sont discutées.


Source : Le Quotidien du médecin: 9523