THEATRE - « Le Père », de Florian Zeller

Le génie de Robert Hirsch

Publié le 10/10/2012
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Crédit photo : DR

UN HOMMe perd la mémoire, perd ses repères. Il est veuf, il est vieux, il n’est pas très gentil. Sa fille (Isabelle Gélinas) cherche une solution. Elle l’a installé chez elle et cherche une institution car elle doit partir à l’étranger. Elle a un mari (Patrick Catalifo). On voit aussi dans la pièce une jeune aide-soignante à domicile (Élise Diamant), une infirmière (Sophie Bouilloux), un médecin (Éric Boucher). Ces deux derniers sont désignés comme « l’homme » et « la femme », car André, le père, les confond, les prend pour d’autres, ne les reconnaît pas… Et cela, on le comprend, car c’est du point de vue d’André qu’est composée cette pièce. Une construction habile, un sujet très touchant. Chacun ici peut reconnaître quelque chose d’existant, de plausible, de possible.

Ladislas Chollat a réuni une excellente distribution autour de Robert Hirsch. Le décor d’Emmanuelle Roy mime le mouvement même de l’écriture et de la construction de la pièce. Tout glisse, tout se transforme en détails ténus. On pourrait tout confondre, comme on peut confondre les temporalités.

Chacun tient à merveille sa partition mais c’est le couple de la fille aimante et blessée, jusqu’au découragement parfois, et de son irascible père qui retient toute l’attention. Isabelle Gélinas donne à Anne la douceur d’une femme, sensible, digne. Elle est remarquable. Au cœur de chaque scène, Robert Hirsch est fabuleux. On croit à tout. Chaque geste, chaque regard, sa voix, ses intonations, sa posture, sa fragilité, ce qu’il y a en lui de très frêle et d’immense en même temps, ce qu’il y a de chaplinesque et de tragique, tout fascine. Un moment, ce vieil homme en profond désarroi appelle sa maman, il veut sa maman, qu’elle vienne le chercher et le ramène à la maison : on a le cœur déchiré par ce moment qui rappelle le plus haut tragique des grands héros shakespeariens que joua aussi Robert Hirsch.

Théâtre Hébertot, à 21 heures du mardi au samedi, en matinée à 16 heures le dimanche (tél. 01.43.87.23.23, www.theatrehebertot.com). Le texte est publié par L’Avant-scène théâtre (12 euros). Durée : 1 h 50 sans entracte.

ARMELLE HÉLIOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9172