LE PRÉRAPHAÉLISME vit le jour en 1848. Dans ce mouvement fondé sur une volonté de renouveau dans l’art, il faut voir l’intention de donner une fonction morale à l’œuvre et de la débarrasser de sa grandiloquence, de sa majesté hiératique, de la pesanteur de l’académisme victorien, en somme. Un art suggestif, populaire et national, plus pur, plus sincère et plus proche de la nature dont les plus remarquables représentants s’appelaient John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti, Holman Hunt et Ford Madox Brown. Dans leurs œuvres, des tonalités vives et franches, des détails précis, un réalisme éclatant. Parallèlement, et sous l’influence du critique d’art et historien John Ruskin, la photographie balbutiante des années 1850 et 1860 se développa considérablement outre-Manche.
Très vite, la peinture préraphaélite et la photo allaient se croiser. Les deux pratiques favorisèrent de nombreuses correspondances. La même profondeur de la vision chez les peintres et les photographes ; les mêmes souffles mystiques et poétiques ; la même volonté d’innover, tant dans l’inspiration que dans la technique. Les peintres préraphaélites s’immergèrent dans la nature et en restituèrent le foisonnement des détails, à l’instar des artistes de l’image sur papier glacé (Roger Fenton, Henry White, William J. Stillman, Colonel Henry Stuart Wortley), qui, grâce à la technique du négatif au collodion humide, accédèrent à une belle précision. Les portraits peints par Watts et ceux photographiés par Julia Margaret Cameron sont à rapprocher. Cette dernière, ainsi que David Wilkie Wynfield parvint, dans ses tirages, grâce à de nombreuses recherches et manipulations dans la mise au point, à créer des portraits captivants, mélanges d’atmosphères réalistes et vaporeuses. Dans les sujets religieux et historiques, peintres et photographes trouvèrent aussi une inspiration commune : les uns et les autres s’inspirent de Dante, de Shakespeare, de Byron et du cycle Arthurien. Les photos sont inondées de fables et d’allégories, de symboles spirituels (voir la photo « The Lady of Shalott » d’Henry Peach Robinson, inspirée de la sublime « Ophélie » de Millais).
Enfin, peintres préraphaélites et photographes victoriens ont également raconté des scènes de la vie moderne, dans une intention moralisante et sociale (« She never Told her love », photographie de Robinson). Les hallucinations des peintres et des photographes sont mêlées à une perception profonde et aiguë de la vie.
Le mouvement préraphaélite en peinture va évoluer dans les années 1880, avec des artistes et des écrivains tels que William Morris, Burne-Jones, Whistler et Oscar Wilde. Il sera plus volontiers dirigé vers le culte absolu du beau. Quant aux photographes britanniques inspirés par les préraphaélites, ils vont être à l’origine du pictorialisme, ce mouvement fondé sur les sensations, qui s’épanouira dans les années 1890.
« Une ballade d’amour et de mort. Photo préraphaélite en Grande-Bretagne », musée d’Orsay, tél. 01.40.49.48.14. Tlj sauf lundi, de 9 h 30 à 18 heures, le jeudi jusqu’à 21 h 45. Jusqu’au 29 mai.
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