Le choc arrive avec les installations d’Anish Kapoor, artiste britannique né en Inde en 1954. Dans la Salle du Jeu de Paume, lieu du serment du 20 juin 1789, qui marque le début de la Révolution, un canon crache des boulets de cire rouge éclaboussant les murs : « Shooting into the Corner » est « un acte de pénétration symbolique, comme entre l’État et les citoyens ou l’amant et l’aimée ». Suivent, dans le parc, « C-Curve », un miroir courbe qui donne une vision variable du château, « Sky Mirror », autre miroir, « Dirty Corner », vu par l’artiste comme « une reine égyptienne couchée de tout son long » et par d’autres comme un vagin (une œuvre vandalisée la semaine dernière avec de la peinture, qui a pu être nettoyée), « Descension », un tourbillon sonore qui s’enfonce dans les entrailles de la terre, et « Sectional Body preparing for Monadic Singularity », un pan coupé de corps humain.
Il y a deux Kapoor, le séducteur des miroirs qui montre un monde instable et changeant déconstruisant l’espace environnant et celui qui remet en cause la géométrie rationnelle de Le Nôtre et fait ressortir la violence de la nature. Mais chacun est libre d’interpréter les œuvres comme il l’entend et il en a souvent une vision sexualisée. De là à voir des vagins partout…
C’est un aménagement plus soft qui a été réalisé dans le bosquet du Théâtre d’eau. Détruit en 1775 et revisité par le paysagiste Louis Benech et l’artiste Jean-Michel Othoniel, ce théâtre de verdure s’enrichit de lignes courbes, d’un faible relief, de parterre de fleurs, mais il garde le rythme ternaire qui le caractérisait. Les trois grandes sculptures-fontaines ondulantes s’inspirent des ballets donnés par le Roi et leurs perles de verres soufflées dorées à la feuille redonnent au lieu son atmosphère festive.
Le bassin de Latone, avec ses marbres polychromes et son décor de plomb doré, retrouve quant à lui son éclat d’antan, 300 ans après sa création par Jules Hardouin-Mansart au centre de la grande perspective du château. Né de la volonté de Louis XIV de célébrer Apollon, qu’il choisit comme emblème, il illustre, avec ses figures mi-homme-mi-grenouille, la légende de la naissance du dieu grec. Latone, sa mère, ayant été outragée par des paysans, les transforme en grenouilles. Elle se tient au centre du bassin sur une pyramide de marbre et regarde d’un air paisible le « Dirty Corner ».
À Paris, vitraux anciens et nouveaux
Ce que l’on voit à Versailles avec cette actualité se retrouve pour de nombreux monuments historiques avec la question de savoir comment les faire entrer dans l’ère contemporaine. Une problématique que l’on observe aujourd’hui avec la Sainte-Chapelle, où six ans de travaux ont permis de rénover les vitraux, qui datent du XIIIe siècle mais aussi du XVe et du XIXe. De manière très judicieuse la Cité de l’architecture consacre une exposition au vitrail contemporain avec les modèles des vitraux cathédrales de Metz, Tours, Nevers, Conques, qui ont remplacé ceux détruits par la guerre. Ils sont signés Chagall, Alberola, Rouan, Benzaken, Soulages et reconnus aujourd’hui comme parfaitement intégrés.
– Sainte-Chapelle, tél. 01.53.40.60.80, sainte-chapelle.monuments-nationaux.fr.
– Cite de l’architecture et du patrimoine, le vitrail, jusqu’au 21 septembre, tél. 01.58.51.52.00, www.citechaillot.fr.
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