Deux films à repêcher

L'appel du désert et de la forêt

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Publié le 28/04/2016
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Cinéma-Nos souvenirs

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Cinéma-Tracks

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À 24 ans, John Curran a quitté son Amérique natale pour l'Australie. Il ne pouvait qu'être fasciné par l'aventure de Robyn Davidson, laquelle, à peu près au même âge, en 1975, décida de traverser le désert australien, d'Alice Springs à l'océan Indien, soit 2 700 km, seule avec ses dromadaires (animaux introduits dans le pays au XIXet qui y ont proliféré à l'état sauvage). C'est le livre dans lequel elle fait le récit de son périple, « Tracks », que le réalisateur (« We dont't live here anymore », « le Voile des illusions ») adapte.

Les amateurs d'aventure et de grands espaces devraient être satisfaits. Le désert n'offre pas une très grande variété de paysages, mais les images, filmées en pellicule pour plus de richesse, sont magnifiques.

Le scénario linéaire ne permet pas quant à lui de grands rebondissements et les quelques rencontres que fait l'héroïne (le photographe du « National Geographic », qui subventionne le voyage, un vieil aborigène qui guide la jeune fille, entre autres) n'y ajoutent pas un énorme enjeu. Reste la volonté de l'héroïne, superbement rendue par une autre Australienne, Mia Wasikowska, que l'on retrouvera le 1er juin en Alice « de l'autre côté du miroir ».

Comment survivre

Le deuil, encore, avec « Nos souvenirs », de Gus van Sant. Arthur Brennan (Matthew McConaughey) s’envole pour le Japon*, la forêt d’Aokigahara, au pied du mont Fuji, connue pour le grand nombre de personnes qui s’y suicident. Sur le point d’en finir, Arthur tombe sur un homme blessé (Ken Watanabe). Commence alors un parcours de survie à la « Délivrance », qui est en fait celui de la réconciliation avec la vie.

Si Gus van Sant n’a rien perdu de son sens de la mise en scène, le parcours psychologique du héros (et celui de son épouse incarnée par Naomi Watts) manque quelque peu de subtilité, avec ce plaidoyer un peu béat, très américain, sur ce qui fait le sens de l’existence.

Et aussi cette semaine

Honneur au documentaire. On ne manquera pas « les Habitants », portrait d'une France peu représentée, celle des villes moyennes, signé du grand Raymond Depardon : dans sa caravane, il filme des duos aux conversations souvent savoureuses.

Avec « Dégradé », qui a pour origine un épisode de 2007, les jumeaux Arab et Tarzan Nasser filment 13 femmes coincées dans un petit salon de coiffure à Gaza lors d'un affrontement armé –  « Notre travail s'inspire de la tragédie et de l'absurdité qui se sont abattus sur la Palestine », disent les cinéastes.

Et encore le cinéma américain en trois œuvres bien différentes. « Dalton Trumbo », de Jay Roach, est l'histoire du scénariste (« la Vie est belle », « Spartacus », « Johnny got his gun » et bien d'autres) mis sur la liste noire d'Hollywood pendant le maccarthysme, incarné par Bryan Cranston, célèbre depuis « Breaking Bad ». « Maggie a un plan » est une comédie de Rebecca Miller avec Greta Gerwig, Ethan Hawke et Julianne Moore. Et « Captain America : Civil War » met une nouvelle fois en scène, en 3D, des superhéros.

* Comme Isabelle Carré dans le tout récent « Cœur régulier ».

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9492