Juif allemand, adhérent du Parti social démocrate, antinazi, Fritz Bauer, qui a été le plus jeune juge du pays, est arrêté en 1933, détenu pendant huit mois dans un camp, déchu du droit d'exercer ; en 1935 il fuit vers le Danemark, puis, pendant la guerre, en Suède. De retour en Allemagne en 1949, il devient procureur général de la Hesse et s'oppose à ceux qui, comme le chancelier Adenauer, veulent tirer un trait sur le passé. Son vœu le plus cher est de faire juger les nazis en Allemagne et c'est en partie grâce à lui qu'aura lieu à Francfort, à partir de 1963, le procès d'Auschwitz.
C'est un livre français, « l'Impossible Retour - Une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 » (2007, Flammarion), qui a donné au cinéaste Lars Kraume l'idée de raconter la vie de ce « personnage hors du commun ». Son auteur, Olivier Guez, est devenu coscénariste du film et les deux hommes ont décidé de se concentrer sur la traque d'Adolf Eichmann, capturé en Argentine en 1960. On ne saura que dix ans plus tard le rôle caché et dangereux que Fritz Bauer avait joué.
Le titre original du film, « l'État contre Fritz Bauer », dit bien les obstacles qu'a rencontrés le procureur alors que de nombreux anciens nazis sont en place dans des postes très haut placés et que la grande majorité des puissants ont intérêt à ce que le passé soit oublié ; sans compter l'antisémitisme encore virulent.
Dans le film, cela donne un suspense fort, entre les intérêts nationaux et internationaux contradictoires en cause et la forte personnalité de celui qui disait « Quand je sors de mon bureau, j'entre en territoire ennemi ». Une personnalité à laquelle l'acteur Burghart Klaussner, qu'on a vu notamment dans « le Ruban blanc », donne toute sa profondeur. On passera sur quelques lourdeurs – en raison de rappels pédagogiques sans doute nécessaires – pour applaudir cette leçon de courage.
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Un film noir flamand, « les Ardennes », premier long métrage de Robin Pront. Deux comédies françaises, « Tout pour être heureux », de Cyril Gelblat avec Manu Payet ; « Marie et les naufragés », de Sébastien Betbeder avec Pierre Rochefort et Vimala Pons. De l'action burlesque, « Grimsby. Agent trop spécial », de Louis Leterrier, avec Sacha Baron Cohen. Un drame argentin, « Paulina », de Santiago Mitre. La traque de clandestins mexicains par un faciste américain, « Desierto », de Jonás Cuarón (le fils du réalisateur de « Gravity »), avec Gael Carcía Bernal. Les rencontres de Claire Simon dans le Bois de Vincennes, « le Bois dont les rêves sont faits ». Et encore « le Livre de la jungle » revisité grâce aux dernières techniques numériques.
Signalons enfin l'exposition Gus van Sant qui vient de s'ouvrir à la Cinémathèque de Paris (jusqu'au 31 juillet, intégrale de l'œuvre jusqu'au 25 mai) et la rétrospective Polanski à l'Institut Lumière de Lyon (jusqu'au 1er juin).
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