Avec « Mia Madre », Nanni Moretti réussit à évoquer la mort d’une mère tout en faisant rire. La mère en train de mourir, c’est celle d’une réalisatrice (excellente Margherita Buy), qui peine à diriger un film sur une usine en grève après sa reprise par des Anglo-Saxons. Elle a d’autant plus de mal qu’elle a engagé une pseudo-vedette américaine incontrôlable (hilarant John Turturro). Moretti, autobiographique mais discret dans le rôle du frère de l’héroïne, parle ainsi avec sensibilité du deuil et aussi, sujet inépuisable pour lui, du cinéma, et, au passage de l’éducation classique (la mère était professeur de latin, très appréciée de ses élèves). Évitant les écueils du pathos, le film fait résonner en chaque spectateur les bonheurs d’une vie mêlés à la douleur de la perte.
Valérie Donzelli a choisi pour son 4e film, « Marguerite et Julien », un sujet historique, tout en se débarrassant intelligemment des contraintes de la reconstitution, même si elle a tourné sur les lieux mêmes du drame survenu au début du XVIIe, le château de Ravalet, à Tourlaville. S’inspirant d’un scénario de Jean Gruault pour François Truffaut, la réalisatrice et son coscénariste et acteur Jérémie Elkaïm jouent à mêler les époques, royauté et tournant du XXe siècle, carriole à chevaux et hélicoptère… Pour évoquer cette passion incestueuse que nul n’a pu arrêter, la mise en scène fourmille d’idées plus ou moins surréalistes, souvent bonnes, quelquefois ridicules. On se laisse emporter par la poésie et le romantisme du récit ou on décroche pour un arc-en-ciel ou des dialogues par trop naïfs.
Les autres films de la semaine
Des attentats terroristes encore, ceux de Bombay en 2008, vus par Nicolas Saada, dans « Taj Mahal », à travers les heures d’angoisse vécues par une jeune Française enfermée dans sa chambre d’hôtel en liaison téléphonique avec son père (Stacy Martin et Louis-Do de Lencquesaing). L’actualité aussi, c’est la COP21, avec le documentaire du militant écolo Cyril Dion et de Mélanie Laurent, « Demain », qui fait un tour du monde des solutions adoptées ici et là : agriculture urbaine (Detroit), vélo plébiscité (Copenhague), déchets recyclés à 80 % (San Francisco), monnaie locale complémentaire (Bâle)…
Deux retours dans un passé récent : « le Pont des espions », de Steven Spielberg, avec Tom Hanks dans le rôle de l’avocat qui négocia l’échange d’un espion soviétique et du pilote américain Francis Gary Powers en 1961 ; « Kill your friends », premier long métrage du Britannique Owen Harris, sur la guerre sans merci dans l’industrie du disque londonienne en 1997. Une comédie française qui emmène en Amazonie, « Baby Sitting 2 », de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau. Et un long métrage d’animation inspiré du livre du Libanais Khalil Gibran, « le Prophète ».
Les amateurs de cinéma qui sont du côté des Alpes, ne manqueront pas quant à eux, du 12 au 19 décembre, le festival de cinéma européen des Arcs, avec une compétition, des films « spectacles » et des films d’auteur, un focus sur la Norvège, des avant-premières en présence des équipes, etc. (www.lesarcs-filmfest.com).
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