Bill Viola au Grand Palais, à Paris

La vidéo pour sculpter le temps

Publié le 13/03/2014
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Crédit photo : K. PEROV

Art

Né à New York en 1951, Bill Viola, après avoir été l’assistant de Nam June Palk, père fondateur de l’art vidéo, travaille sur la technique, la musique, multipliant ses sources d’inspiration au cours de ses voyages. Rencontre choc avec le désert californien, voyages au Japon, où il s’initie au Zen, en Inde, où il approfondit la culture tibétaine. Il filme les paysages, enregistre les musiques et les sons, s’initie aux différentes formes d’art, les associant à celles de ses études, la peinture du Nord du XVsiècle, Goya, Giotto. Tout est consigné au jour le jour dans les quarante tomes de son journal.

Viola se dit « sculpteur du temps ». Celui du quotidien en rapport avec l’éternité. Le ralenti de la bande vidéo contribue à cette notion, prédisposant aussi à la méditation, tandis que les sons mixés créent un espace mental qui interagit avec l’image. L’eau, omniprésente dans son œuvre, est le lieu de la naissance dans « The Reflecting Pool » et celui du rêve dans « The Dreamers » – un souvenir de la noyade à laquelle il a échappé dans l’enfance ? Le paysage est « un lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur ».

Les cycles de la vie s’inscrivent dans l’éternité. Jeux de mains d’âges différents (« Four Hands »). Cinq écrans de la journée d’une femme (« Catherine’s Room »), alors que le cycle des saisons se déroule à travers la fenêtre. Monde parallèle surgissant dans la chambre d’une femme endormie (« The Sleep of Reason »). « Going Forth by Day », inspiré du « Livre des Morts » égyptien pour « sortir à la lumière du jour », associe dans la même pièce la naissance du feu, le chemin, le déluge, le voyage. Le feu de « Fire Woman » apparaît dans l’œil intérieur juste avant la mort et l’âme est emportée par une coulée d’eau ascensionnelle spectaculaire dans « Tristan’s Ascension », un extrait de la vidéo de 4 heures pour l’opéra de Wagner « Tristan et Iseult ».

Les arts sont pour Bill Viola des choses invisibles. C’est donc avec une approche universelle qu’il traite de la vie, de la mort, de l’espace, du temps.

Grand Palais (tél. 01.44.13.17.17, www.grandpalais.fr), tous les jours, sauf le mardi, de 10 à 20 heures, du mercredi au samedi jusqu’à 22 heures. Jusqu’au 21 juillet.

Caroline Chaine
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9309