La Révolution à hauteur d’homme

C’est sur un travail très rigoureux que s’appuie le nouveau spectacle de Joël Pommerat. Rigoureuse, voire austère, est la manière de le représenter : pas ou peu de décor, des tables, des chaises, des hommes et des femmes en costumes d’aujourd’hui. Mais une grande sophistication du son et des lumières, qui font que l’on a le sentiment d’être de plain-pied avec ce qui se passe. Et ce d’autant plus que certains interprètes sont parfois dans la salle elle-même, mêlés aux spectateurs, applaudissant souvent les prises de parole ou protestant.

On est saisi par ce sentiment de proximité. Des discussions dans les comités de quartier aux diatribes de l’Assemblée nationale, de Paris à Versailles, c’est la parole qui constitue toute l’action dans cette traversée très intéressante. Le roi, incarné par Yvain Juillard, qui, comme ses treize camarades, interprète plusieurs personnages, est un homme éclairé, bienveillant, courageux. Il tente de comprendre, sincèrement. Des historiens ont réfléchi aux côtés de Joël Pommerat et de sa troupe et l’homme de théâtre a notamment été conseillé par Guillaume Mazeau.

Tout est tiré du réel, mais, comme pour les costumes, on se sert d’anachronismes. On tente ici de retrouver un processus, de nous le faire comprendre. C’est assez prenant. Les comédiens sont étonnants, qui passent d’un personnage à l’autre, rapidement, précisément, entourés de figurants. Peu de musique. Des bouffées qui ajoutent à l’émotion (Brel par Arno, par exemple). Et, dans la dernière partie, quelques scènes d’une beauté prenante, autour d’un billard. L’une d’elles réunit le roi, Madame Élisabeth, Marie-Antoinette… Scène d’intérieur, mais scène crépusculaire.

Ce spectacle ne ressemble à aucun de ceux que vous avez déjà pu voir sur cette période de l’Histoire de France. C’est un théâtre singulier, exigeant, qui saisit, on l’a dit et qui permet à chacun de réfléchir à l’époque mais aussi à aujourd’hui.