Ken Loach disait ne plus vouloir faire de films. La situation sociale l'a à nouveau inspiré, et l'espoir que le cinéma de protestation continue à exister. Avec « Moi, Daniel Blake », il a convaincu le jury du festival de Cannes, présidé par George Miller, qui lui a attribué la Palme d'or. La deuxième, après « le Vent se lève » (2007) pour le cinéaste de 80 ans.
Si « Moi, Daniel Blake » ne révolutionne pas le 7e art, Ken Loach (avec son scénariste habituel Paul Laverty) a su mêler l'humour, l'émotion et le rythme pour dénoncer un système social britannique, en grande partie bradé au privé, qui ne joue plus du tout son rôle. Cela à travers les mésaventures tragicomiques d'un menuisier de 59 ans (savoureux Dave Johns) sommé de retrouver un travail malgré de graves problèmes cardiaques et les préconisations de ses médecins, et d'une mère célibataire de deux enfants (Hayley Squires) contrainte d'accepter un logement à 450 km pour ne pas être placée en foyer d'accueil. Leurs démêlés avec les services sociaux, qui leur imposent des formulaires abscons et l'usage d'Internet, qu'ils ne possèdent ni ne maîtrisent, sont aussi désespérants que drôles (pour le spectateur).
La musique des années 1980
Il est aussi question de situation sociale et de chômage dans « Sing Street ». Mais pour le cinéaste John Carney (« Once »), ancien bassiste du groupe The Frames, c'est surtout l'occasion de se rappeler son adolescence et de rendre hommage à la scène musicale des années 1980 en Irlande. C'est dire que cette attachante réalisation, primée au festival du film britannique de Dinard (Hitchcock d'or et prix du scénario), est encore plus savoureuse quand on connaît la chanson de l'époque (Motorhead, Duran Duran, The Clash, Cure…). Plus de 25 titres figurent au générique, dont plusieurs écrits spécialement par Gary Clark, John Carney et ses amis ayant composé la musique.
L'histoire, semi-autobiographique, drôle et touchante, est celle d'un adolescent de Dublin contraint par les difficultés financières de sa famille à intégrer un lycée public, où il est malmené ; pour s'en sortir et pour séduire une fille, il monte un groupe. Il est incarné par un débutant très convaincant, comme comédien et comme chanteur, Ferdia Walsh-Peelo.
Et aussi
Parmi les nouveautés de la semaine, un polar, « la Fille du train », d'après le best-seller de Paula Hawkins, avec Emily Blunt ; et la nouvelle production Disney-Marvel, « Doctor Strange », dans laquelle Benedict Cumberbatch incarne le neurochirurgien qui se verra doté de superpouvoirs après un accident. Une guérisseuse dans le Grand Nord canadien, avec « l'Attrape-rêves », qui réunit Cillian Murphy, Jennifer Connelly et Mélanie Laurentt. « Bleeder », le 2e film, inédit en France, de Nicolas Wending Refn, réalisé à 24 ans en 1999, amour et violence à Copenhague. Et un documentaire de Wang Bing sur les « Ta'ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie ».
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