Jeune psychiatre alsacienne, le Dr Adélaïde Hautval refuse, comme une grande partie de ses compatriotes, de rentrer en Alsace occupée après la défaite de 1940 et trouve un poste à l’hôpital de Lannemezan.
Elle y aurait vraisemblablement passé toute la guerre, si la SNCF, en mai 1942, n’avait pas égaré sa valise alors qu’elle rentrait d’un voyage effectué pour raisons familiales. Elle repasse alors la ligne de démarcation pour tenter de la retrouver, mais se fait arrêter à Vierzon par des soldats allemands car elle n’a pas de laisser passer. Le ton monte, d’autant que ces Allemands tiennent des propos très agressifs envers la France, et l’incident se termine par la condamnation du Dr Hautval à un mois de prison.
Une psychiatre contre Mengele
Là, voyant un jour d’autres soldats maltraiter des prisonnières juives, elle prend la défense de ces dernières : son acte lui vaut une peine alourdie et elle va passer plus de six mois dans des camps en France, avant d’être finalement déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943. Elle y restera jusqu’en août 1944, pour être ensuite transférée à Ravensbrück, et ne recouvrera la liberté que le 30 avril 1945. En tant que médecin, le Dr Hautval sera affectée à l’infirmerie du camp, mais va se servir de sa position pour sauver autant de détenues que possible : faux certificats, changements d’identités et de matricule, faux traitements, tout est bon pour tenter d’arracher les déportées aux chambres à gaz. Peu après son arrivée à Auschwitz, les médecins SS lui demandent de participer à leurs expériences « scientifiques » sur les déportées. Elle va refuser catégoriquement et tiendra même tête au plus redoutable d’entre eux, le médecin chef Josef Mengele… qui pliera devant sa détermination. Plus tard, elle racontera qu’elle savait qu’elle risquait d’être exécutée sur-le-champ en raison de son refus, mais que sa formation de psychiatre l’avait aidée à trouver la bonne attitude face à ces médecins, qui reculèrent finalement devant elle.
Les recherches du Pr Hauptmann
D’autres médecins déportés n’eurent pas sa bravoure et participèrent, avec plus ou moins d’empressement et dans le seul but de sauver leur vie, aux expérimentations menées dans le camp. Faite « Juste parmi les Nations » par Israël en 1965, le Dr Hautval témoignera tout au long de sa vie de ce que furent les dévoiements de la médecine nazie. L’ouvrage du Pr Hauptmann retrace l’épopée du Dr Hautval, complétée par de nombreux documents et témoignages. Ancien directeur de l’institut d’hématologie de la Faculté de Strasbourg, Georges Hautpmann doit son intérêt pour cette période noire à son ancien « patron », le Pr Robert Waitz : juif et résistant, ce dernier fut arrêté et déporté à Auschwitz en 1943. Il sensibilisa plus tard ses équipes aux crimes de la déportation, y compris en les invitant sur place. Une fois retraité, le Pr Hauptmann décida de poursuivre ces recherches et publia, il y a quelques années, une biographie de Robert Waitz. C’est à partir de là qu’il a souhaité aussi faire sortir Adélaïde Hautval de l’oubli, non seulement à travers son livre, mais aussi en organisant des conférences et des expositions à la Faculté de Médecine. De plus, ajoute-t-il, « on a beaucoup parlé des médecins criminels nazis ces dernières années, mais je voulais qu’on se souvienne aussi que d’autres médecins ont été déportés dans les camps, et que certains y ont eu des comportements admirables ».
(1) L’ouvrage écrit par Georges Hauptmann et Maryvonne Braunschweig, « Docteur Adélaïde Hautval dite Haïdi, 1906-1988 » a été publié par le Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah- Amicale d’Auschwitz, en partenariat avec la Faculté de Médecine de Strasbourg. Il peut être commandé au prix de 20 euros auprès du « cercle d’étude », 73 avenue Parmentier 75011 Paris.
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