CELA SE PASSE en Angleterre et cela ressemble à ces films que l’on aime, dans lesquels les « gens de peu » ont la parole. On nous dirait que la pièce est traduite de l’anglais, on le croirait. Clément Koch a travaillé à Newcastle et il est habile à nous faire croire à ses personnages, qui évoquent un peu ceux de Ken Loach ou de certains dramaturges britanniques.
Le décor de Jacques Voizot, les lumières de Laurent Béal donnent le sentiment d’une maison sans luxe mais bien tenue. Les femmes qui y surgissent, une très jeune, encore adolescente, Jill (Léopoldine Serre), une blonde douce, ancienne reine de beauté de Sunderland, Sally, sa grande sœur (Élodie Navarre), une brune extravertie qui gagne sa vie au téléphone rose, Ruby (Constance Dollé), copine de Sally et colocataire. Les deux femmes sont comme des sœurs et protègent la plus jeune. On est dans l’Angleterre de la crise, il y a quelques années. La grippe aviaire a ruiné les batteries de poulet, Sally n’a plus de travail. Elle pense à se proposer comme mère porteuse.
Les hommes, ici, sont dehors. Gaven (Vincent Deniard) est l’ami protecteur. Jill, qui a un problème psychologique grave, s’entend bien avec lui, grand enfant. Il est braque et va intervenir d’une manière maladroite dans la vie des trois femmes, tandis qu’un couple d’homosexuels bien intégrés (Vincent Nemeth et Thierry Desroses), deux avocats londoniens, se présente. Ajoutons l’assistante sociale butée (Pascale Mariani) et la mère morte, qui prend la parole comme une revenante mal à l’aise (Bénédicte Dessombs). La comédie sociale à couleur mélo est en place. Stéphane Hillel dirige à merveille les interprètes et imprime un excellent mouvement à la représentation.
La narration est vive. L’argument touchant, les situations amusantes autant que tragiques. L’écriture, habile, tout en formules, fait mouche. Ces dames parlent dru. Surtout Ruby, formidable personnage et magnifique incarnation de Constance Dollé. Élodie Navarre, elle aussi, est remarquable, comme la jeune Léopoldine Serre. Les garçons sont plus conventionnels, mais les comédiens fins.
On accepte ce qu’il y a de poncifs mélodramatiques dans la pièce. On joue le jeu du mélo et de la cocasserie. C’est comme la vie. On rit, on pleure, on se bat, on est digne. On applaudit Constance Dollé et Élodie Navarre, méconnaissables dans ces partitions et irrésistibles.
Petit Théâtre de Paris (tél. 01.42.80.01.81), à 21 heures du mardi au samedi, en matinée le samedi à 17 heures, le dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 35 Texte publié par Les Quatre-Vents (10 euros).
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