Après s’être mis dans la peau d’Albert Einstein, puis dans celle de Stefan Zweig, pour son dernier roman, Laurent Seksik se met dans celles de médecins anonymes, les Kotev. Une dynastie dont il invente la saga, à travers les bourrasques de l’histoire du XXe siècle.
L’ancêtre, c’est Pavel Alexandrovitch qui soigne les habitants des villages de la steppe profonde, de leur premier cri à leur dernier souffle, et qui meurt massacré avec sa famille lors d’un pogrom. Vient ensuite son fils Mendel, professeur de médecine à Berlin, puis réfugié à Nice et qui meurt massacré lors d’une descente de la milice française. Son petit-fils Tobias se voulait chirurgien, mais la question de sa vocation sera littéralement tranchée par la barbarie de jeunes nazis qui lui coupent l’index. L’arrière-petite-fille, Lena, dernière de la lignée des Kotev, est cancérologue à Paris, elle est minée par la dépression.
La main de Dieu et l’abcès
À travers ces personnages affrontés aux ravages du tsarisme, du nazisme, du stalinisme et finalement du « mal du siècle », Laurent Seksik a composé une ode vibrante à la gloire des médecins, ces médecins de famille qui sont les héros de la famille Kotev. Croisant histoire et actualité, avec un balancement réglé au scalpel, il écoute au stéthoscope les arythmies du destin de ces praticiens qui n’abandonnent pas leurs patients, dussent-ils y laisser la vie. Au chevet de la misère et de la souffrance, les Kotev, les uns après les autres, finissent par s’écrouler sous les assauts de la barbarie. « Dans la réalité aussi, L’exercice de la médecine est violent, relève Seksik. Notre métier, dans la tragédie du quotidien, offre quand même un horizon plus lumineux à l’histoire. Il y a le progrès de la science. Il y a aussi cette transcendance qui remonte à la nuit des temps, à cette tribu juive des Thérapeutes, par exemple, qui vivaient à Alexandrie il y a 2000 ans, médecins de l’âme et serviteurs de Dieu, massacrés par les soldats de Caligula en l’an 38. »
Les Kotev, remake contemporain d’une histoire médicale sacrée ? C’est ce que croit le père de Pavel, qui expliquait que « l’ange Raphaël (avec les racines El, Dieu en hébreu, et Rafa, médecine), est le messager de Dieu censé inspirer chaque médecin dans ses choix. Selon lui, l’ange se tenait toujours au côté du médecin (…) La main qui perçait l’abcès, tranchait dans la chair, retirait la tumeur était la main de Dieu. »
« Foutu métier », mais qui sauve le monde, raconte cette épopée qui parlera à tous les médecins.
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