Producteur et scénariste (« Des Hommes et des Dieux », « Mon roi », « Timbuktu »…), Étienne Comar avait depuis longtemps envie de faire le portrait d'un musicien dans la tourmente. Pour sa première réalisation, il a choisi, non sans audace, le grand Django Reinhardt. Mais pas question de survoler toute une vie. Le film se concentre sur une période qui va de l'été 1943 à la Libération, de l'aveuglement d'un artiste enfermé dans sa musique à la prise de conscience.
On suit ainsi Django des salles parisiennes où il connaît un grand succès, jouant sans états d'âme devant des Nazis, jusqu'à Thonon-les-Bains où il attend parmi d'autres Tziganes de pouvoir passer en Suisse. Étienne Comar s'est fondé sur les faits réels mais revendique la fiction pour tisser ces éléments – dont le personnage ambigu joué avec gourmandise par Cécile de France, inspiré aussi par Lee Miller.
Cela lui permet de ne pas trop se focaliser sur la reconstitution historique. Car si la tragédie vécue par les Tziganes est au cœur du récit, ce qui compte avant tout, c'est la musique. Dans le film comme dans la vie de Django, c'est elle qui exprime le mieux les bonheurs et les malheurs qui sont évoqués. Comme ce « Requiem pour mes frères tziganes » dont il ne reste que quelques notes, réécrit par Warren Ellis.
Reda Kateb est entré avec énergie dans le rôle, apprenant à jouer de la guitare (les morceaux sont interprétés par Stochelo Rosenberg, qui joue en trio avec ses frères*) et balayant l'éventail qui va de l'insouciance à la gravité. À côté de lui, entre autres, des acteurs tziganes non professionnels, issus pour la plupart d'une communauté manouche de Forbach.
Et aussi
« Aurore », de Blandine Lenoir (Agnès Jaoui face à la ménopause et aux chocs de l'âge mûr, une comédie féministe).
« À mon âge je me cache encore pour fumer » de Rayhana (dans un hammam d'Alger interdit aux hommes, la patronne cache une femme battue, un huis-clos instructif et réjouissant sur la place des femmes, le poids de la religion…).
« Le Procès du siècle », de Mick Jackson (l'écrivain David Irving, qui nie l'Holocauste, met au défi l'historienne Deborah Lipstadt de prouver l'existence des chambres à gaz et l'assigne en justice, le procès a lieu en 2000 ; avec Rachel Weisz et Timothy Spall).
« La Colère d'un homme patient » (huit ans après, une implacable vengeance, le premier film de l'acteur Raul Arevalo a obtenu 4 Goya, les récompenses du cinéma espagnol).
« Après la tempête », d'Hirokazu Kore-Eda (un père défaillant, un jeune fils, nouvelle exploration par le cinéaste japonais des liens familiaux problématiques).
* La BO est publiée par Impulse/Universal (« le Quotidien » du 10 avril)
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