DANS UN DÉCOR astucieux et beau du grand Jean-Marc Stehlé, disparu en août dernier, Zabou Breitman imprime un mouvement très vif à cette comédie qui repose sur une technique que l’on découvrait alors, l’hypnose. Ribadier (Laurent Lafitte) a un truc : pour voir ses maîtresses en toute tranquillité, il endort sa femme Angèle (Julie Sicard), veuve d’un mari qui la trompait sans qu’elle n’en sût jamais rien. Elle a trouvé un petit carnet qui contient les prouesses de feu ce mari, dont le portrait monumental trône dans le salon. Cela la rend particulièrement méfiante. Pendant que le cocher (Christian Blanc) fricote avec la bonne (Martine Chevallier), Ribadier mène sa vie.
Voici qu’un amoureux transi d’Angèle, Thommereux (Laurent Stocker), revient de Batavia, où il avait accepté un poste pour oublier sa passion. Ayant appris la mort de son rival, il revient. Mais la belle s’est donc remariée. Ajoutons le mari de la maîtresse de Ribadier, Savinet (Nicolas Lormeau), et voici une comédie irrésistible dont Zabou Breitman accentue le caractère fou en la tirant vers un franc surréalisme.
Les acteurs de la Comédie-Française sont excellents. Christian Blanc est un cocher savoureux et très ardent qui harcèle Sophie, servante bien curieuse interprétée avec originalité par Martine Chevallier. Laurent Lafitte souligne les lâchetés de ce gandin de Ribadier et multiplie les cocasseries. Cet époux bien organisé n’a pas grand-chose à craindre : le mari trompé, incarné par un très fin Nicolas Lormeau, ne veut surtout pas que ses clients connaissent son déshonneur. Quant à son épouse, elle a des gestes de petite fille, des colères d’enfant capricieux.
Feydeau et Hennequin sont sans pitié : ils nous montrent des hommes épouvantables, égoïstes, et une jeune bourgeoise un peu limitée (elle dit être heureuse de ne pas avoir eu à refaire son trousseau, puisque le nom de son premier mari, aussi, commençait pas un « R » !). Angèle est une victime de la société des années 1890. Celui qui a des sentiments sincères, le Thommereux de Laurent Stocker, très drôle et prêt à tout pour assouvir son amour, est touchant. Ajoutons les petits chiens de Max Crochet, partenaires excellents, et l’on rit à n’en plus pouvoir, sans que jamais la cruauté de la comédie ne soit émoussée. Bravo !
Théâtre du Vieux-Colombier (tél. 01.44.39.87.00, www.comedie-francaise.fr), à 19 heures mardi, à 20 heures du mercredi au samedi, dimanche à 16 heures. Jusqu’au 5 janvier. Durée : 1 h 50.
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