C’EST UN PRÉALABLE. Il faut tâcher de se départir de ses préjugés si l’on veut découvrir ce pays. Découvrir seulement. Comprendre, cela demande plus de temps et d’investissement. Alors que je m’apprête sereinement à enregistrer mon billet, le service de sécurité de la compagnie aérienne El Al me donne une première leçon. « Qui a fait votre valise? »,« Avez-vous reçu un cadeau avant de partir ? »,« Quel est le but de votre voyage ? », « Connaissez-vous quelqu’un sur place ? » : le feu des questions a bien duré une demi-heure et, en toute honnêteté, être invitée par le ministère du tourisme de la puissance invitante n’y a rien changé. Faire du tourisme en Israël, c’est aller dans un pays en guerre ou, sinon, en alerte maximale. Les règles de sécurité sont prioritaires.
La seconde leçon, je la reçois dans la salle d’embarquement où un groupe d’hommes, vêtus de noir, livre à la main, prie : il ne faut pas se fier aux apparences. Selon Noam Savion, guide touristique qui nous accompagne tout au long du voyage, les religieux sont très minoritaires en Israël. « Et puis, il y a mille et une façons de vivre son judaïsme. Les francophones ont peut-être besoin de l’exprimer plus ouvertement », suggère-t-il.
Lorsqu’on quitte Tel-Aviv en direction de la mer Morte, on emprunte une route ponctuée de check points, traversant la Cisjordanie. Elles se font face : à gauche Ramallah, à droite Jérusalem. D’un côté il y a le mur de séparation et, de l’autre, la vague d’attentats-suicides en 2002 qui a tué des civils, rappelle Noam Savion.
Sous le niveau de la mer.
Alors que nous poursuivons notre route au bord du désert de Judée, piqué par plusieurs campements de Bédouins, les oreilles se bouchent. On atteint les 420 mètres sous le niveau de la mer (une histoire de faille tectonique entre l’Arabie et l’Afrique) et la vue est majestueuse, avec, au loin, dans un voile, les montagnes jordaniennes, un paysage ocre et âpre, même sans soleil. « Vous êtes venus les deux seuls jours de l’année où il pleut et où il fait froid », s’amuse le Dr Marco Harari, spécialiste en climatothérapie et directeur du centre médical du Lot spa Hotel. Avec la rigueur hivernale, la température oscille entre 15 et 20 degrés. Les vertus des rivages de la mer Morte sont bien connues pour les patients souffrant de dermatoses (psoriasis, eczéma atopique et vitiligo). Le secret des thérapies dépend de cette « photothérapie naturelle sélective dans le spectre des UVB », souligne le Dr Harari, qui défend un tourisme médical et peste contre « les prix exorbitants » des hôtels.
La mer Morte, lac d’eau douce chargée de minéraux, dix fois plus salée que ses consœurs, partagée en deux bassins (le bassin nord, qui bénéficie des eaux du fleuve du Jourdain, alimentant le bassin sud, via un canal) descend de manière inquiétante, d’un mètre par an. La Banque mondiale a tout récemment donné son aval pour un projet qui consiste à puiser de l’eau dans la mer Rouge. Mais à quoi bon ce sauvetage des Danaïdes, ne peut-on s’empêcher de penser, quand la démarche des industriels (du côté jordanien comme de celui d’Israël) consiste à évaporer l’eau pour en extraire des minéraux ?
La région hôtelière, qui compte 14 grands établissements, se concentre sur le bassin sud. Ma préférence va au bassin nord, plus vaste et sauvage. C’est à cet endroit que se trouve le kibboutz d’Ein Gedi (« la source du bouquetin »), à quelques kilomètres de la cité fortifiée de Massada. L’hôtellerie est l’une des activités économiques des membres du kibboutz, explique Martine, ancienne Parisienne et mariée, depuis quelques années, avec l’un d’entre eux. Même si le principe communautaire reste le fondement de l’organisation des kibboutz, la plupart « tendent toutefois à se privatiser », précise-t-elle. Avec ce mauvais temps, impossible de prendre un bain dans la mer Morte sous peine de prendre une vaguelette dans l’œil. C’est dans la nouvelle piscine du spa d’Ein Gedi que je teste la baignade statique dans cette eau salée qui rend la peau douce.
En Galilée.
Sur la route 90 qui longe la vallée du Jourdain, on arrive à Qasr el-Yahud, haut-lieu de pèlerinage où les chrétiens de toutes confessions viennent se laver de leurs fautes. De part et d’autre du chemin qui mène au fleuve du Jourdain, des panneaux signalent des champs minés, héritage jordanien. Une Américaine rapporte dans une petite bouteille en plastique de l’eau du Jourdain pour son mari pasteur tandis que d’autres pèlerins pénètrent dans le fleuve. Bien qu’abandonnée de toute conviction religieuse, l’émotion me parcourt aux abords du mont des Béatitudes, là où, selon la tradition, Jésus de Nazareth aurait prononcé le Sermon sur la montagne. De cet endroit, le paysage est saisissant avec, en ligne de fond, le plateau du Golan. À gauche, Capharnaüm et les vestiges de la synagogue dans laquelle Jésus est venu prêcher. Les rives verdoyantes du lac de Tibériade, l’une des plus importantes réserves d’eau potable d’Israël, sont apaisantes, épargnées de toute construction touristique. Nous sommes en Galilée. Je reprends mon souffle. En si peu de jours, j’ai déjà tellement vu.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série