Cannes, c’est le glamour, le tapis rouge, les robes haute couture, les fêtes jusqu’au bout de la nuit. C’est le cinéma d’auteur, celui qui prend des risques et fait vivre la cinéphilie. C’est une industrie mondiale, qui ne se porte pas si mal. Et c’est, encore plus pour cette 67e édition, un état du monde et de ses blessures.
Cinéma
Le festival de Cannes est ouvert à tous. Tout film de plus d’une heure peut être candidat. Cette année, les sélectionneurs ont vu 1 800 longs métrages et une cinquantaine ont été retenus en sélection officielle (compétition, séances spéciales et section Un certain regard). Ils seront 18 en compétition, sauf ajout de dernière minute.
Parmi leurs auteurs de tous âges, beaucoup de noms connus et plusieurs réalisateurs déjà palmés. Thierry Frémaux, le délégué général, n’aime pas le terme « habitués », il préfère parler de « grands réalisateurs ». Ainsi Jean-Luc Godard, 83 ans, qui revient avec « Adieu au langage », en 3D ; les frères Dardenne, qui peuvent glaner une 3e palme avec « Deux jours, une nuit », avec Marion Cotillard (une femme tente de convaincre ses collègues de perdre leur prime pour lui permettre de garder son travail) ; Ken Loach, avec « Jimmy’s Hall » ; Mike Leigh, avec « Mr. Turner » (les dernières années du peintre) ; Michel Hazanavicius, loin de « The Artist » avec « The Search », mélo sur fond de guerre en Tchétchénie ; le Turc Nuri Bilge Ceylan avec « Winter Sleep », le film le plus long de la compétition (3 h 16), qui, pour cette raison, sera projeté dans les premiers jours ; David Cronenberg, avec « Maps to the stars », une critique d’Hollywood avec Robert Pattinson.
La France est aussi représentée par Olivier Assayas (« Sils Maria », film sur les actrices avec Juliette Binoche et Kristen Stewart) et Bertrand Bonnello, avec un nouveau Saint Laurent, incarné par Gaspard Ulliel. Et encore le Canadien Atom Egoyan, l’Américain Tommy Lee Jones (« The Homesman », western avec Hilary Swank), le Mauritanien Abderrahmane Sissako (« Timbuktu » montre la ville du Mali sous le joug des extrémistes religieux ), la Japonaise Naomi Kawase et le Russe Andrey Zvyagintsev.
Parmi les nouveaux venus dans la compétition, l’Italienne Alice Rohrwacher avec son deuxième film, « les Merveilles », l’Argentin Damian Szifron, avec un film à sketches surréaliste, « Relatos Salvajes », l’Américain Bennett Miller avec « The Foxcatcher », et le benjamin, Xavier Dolan, 25 ans, avec « Mommy », qui est déjà son 6e film (une veuve et son fils, atteint de TDAH).
Le jury, présidé par Jane Campion, seule femme à avoir remporté la Palme d’or (« la Leçon de piano », 1993), réunira des acteurs et réalisateurs, Carole Bouquet, Sofia Coppola, Leila Hatami (Iran) et Jeon Do-yeon (Corée du Sud), Willem Dafoe, Gael Carcia Bernal, Nicolas Winding Refn et Jia Zhangke. Exception à la règle, pour cause d’élections européennes, le palmarès sera proclamé le samedi soir et non le dimanche.
L’Histoire récente
Avec une sélection qui allie glamour, exigence et « une certaine audace », selon Thierry Frémaux, les polémiques, qui font le sel du festival, ne devraient pas manquer. À commencer par le film d’ouverture, « Grace de Monaco », d’Olivier Dahan, avec Nicole Kidman. Déjà, le réalisateur et son producteur américain, Harvey Weinstein, ont eu des discussions houleuses sur le montage final. Et voila que les enfants de la princesse s’emportent contre un film qui « détournerait » l’histoire de la principauté, l’intrigue se déroulant en 1962, au moment de la crise diplomatique entre le Rocher et de Gaulle.
L’Histoire, jusqu’à la plus actuelle, sera présente à Cannes avec des documentaires, en séances spéciales, sur la Syrie (« Eau argentée - Syrie autoportrait », d’Ossama Mohammed), sur l’Ukraine (« Maïdan », de Sergei Loznitsa), sur Sarajevo (« les Ponts de Sarajevo », par 13 réalisateurs), entre autres. Les festivaliers pourront aussi découvrir hors compétition « Coming Home », de Zhang Yimou, sur la vie d’un dissident chinois des années 1920 à 1990 ; et le film inspiré à André Téchiné par l’affaire Agnès Le Roux, « l’Homme qui aimait trop », avec Guillaume Canet.
La section Un Certain regard ne sera pas à négliger, pour des retrouvailles, avec notamment Mathieu Amalric (« la Chambre bleue », d’après Simenon), Asia Argento, Pascale Ferran, Rolf de Heer, Keren Yedaya, mais aussi des découvertes, avec 7 premiers films, dont celui de Ryan Gosling.
Déjà à l’affiche
Les spectateurs français pourront partager en partie les enthousiasmes ou les déceptions du festival, puisqu’une poignée de films sortent en même temps sur les écrans. « Grace de Monaco » le 14 mai, « The Homesman » le 16, « la Chambre Bleue » le 18, « Maps to the Stars », « Deux jours, une nuit » et « Maidan » le 21, « Adieu au langage » le 28. N’oublions pas « Welcome to New York », l’affaire DSK vue par Abel Ferrara. Il fera l’objet d’une projection-événement, au marché du film s’il n’est pas retenu in extremis en sélection officielle, et sera disponible en ligne contre 7 euros pendant le festival (à partir du 17). En France, la loi interdit la sortie simultanée en salles et en VoD mais ce sera le cas aux États-Unis. Gérard Depardieu incarne l’ancien patron du FMI et dit (à « Télérama ») qu’« on est souvent meilleur dans les rôles qu’on n’aime pas ».
Il faut citer aussi les sections parallèles, dont la sélection est souvent passionnante, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique. Cette dernière, qui présente des premiers et deuxièmes films, sera clôturée par « Hippocrate », l’histoire d’un jeune interne en stage dans le service que dirige son père. La crise de l’hôpital vue par Thomas Lilti, qui a réussi à mener en parallèle études de médecine et activités cinématographiques et est aujourd’hui généraliste en même temps que cinéaste (sortie le 10 septembre).
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