Théâtre
Il était une fois une demi-finale de la Coupe du Monde de football… Cela se passait le 8 juillet 1982. La France rencontrait la République fédérale d’Allemagne (et oui, le mur était loin d’être tombé !). Ce fut un désastre pour la France. Un désastre moral, car les joueurs comme les spectateurs eurent le sentiment d’une injustice terrible et des années après, trente-deux ans après, on en parle encore !
Le gardien allemand, Harald Schumacher, brutalisa un joueur français, Patrick Battiston. Blessé, inconscient, ce dernier fut évacué. Pas de sanction pour cette faute et l’Allemagne gagna dans les prolongations. Marc Wels s’appuie sur ce traumatisme entre les deux peuples pour se promener dans l’histoire d’une longue discorde. Deux comédiens sont en scène, dans un décor hétéroclite où chaque objet a du sens et soutient le récit. Un vieux réfrigérateur, un tourne-disque qui grince, un tableau noir, etc.
Ce « duel fraternel dans la surface de réparation », ainsi que Marc Wels sous-titre son spectacle, est très malin. Lui-même est un écrivain qui a grandi en France et est franco-allemand. Ses deux comédiens étaient encore bien jeunes, mais l’un en France, l’autre en Allemagne, virent ce match. Ils sont en terrain de connaissance. Mais le 8 juillet 1982 n’est qu’un prétexte et c’est un précis des relations houleuses des deux pays que ce « France-Allemagne ».
Avec un sens de l’écriture scénique puissant, Marc Wels et ses amis peuvent ainsi passer de l’analyse au tableau noir d’un développement du jeu… à la funeste croix gammée. Ils affrontent tout. Le grave et le léger. Le présent, le passé. Le réel mais aussi la fiction, comme cette belle séquence « Grande Illusion ».
C’est très drôle et les deux comédiens ont beaucoup de talent, de belles personnalités. À deux, ils évoquent ces grands clowns de l’absurde que la littérature dramatique nous a rendus familiers. Mais il n’y a rien de prétentieux dans tout cela : seulement du jeu et de la jubilation.
Lucernaire (tél. 01.45.44.57.34, www.lucernaire.fr), du mardi au samedi à 21 h 30, dimanche à 17 heures. Jusqu’au 12 juillet. Durée : 1 h 30.
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