RIEN, presque rien. Des chaises d’école, de la lumière. Une balançoire. Pour mettre en scène « Oncle Vania », Christian Benedetti suit le fil de l’inspiration qui l’avait guidé lorsqu’il monta « la Mouette ». Un spectacle qui donnait le sentiment de l’exactitude par rapport à Anton Tchekhov, un spectacle très bien joué et sans aucun déploiement dispendieux. Belle rencontre avec le public qui a conduit à une reprise en début de saison.
Voici donc aujourd’hui « Oncle Vania ». Sous la charpente du Théâtre-Studio, un gradin est posé. Les comédiens jouent là, devant nous, dans une proximité qui n’interdit jamais la distance qu’appelle le théâtre. Christian Benedetti l’introduit autrement, cette distance.
Dans « la Mouette », on était du côté d’une atmosphère de répétition, on y allait, dans des vêtements du jour. Dans « Oncle Vania », avec une audace certaine, mais qui fait sens, Benedetti, qui, embarqué avec ses camarades, joue Astrov, le médecin soucieux de nature, accélère follement le débit.
Cela donne « Oncle Vania », sans coupe (n’étaient quelques détails), dans la même superbe traduction de Françoise Morvan et André Markowicz que celle jouée à Nanterre-Amandiers dans la mise en scène d’Alain Fraçon, « Oncle Vania » en 1 h 20 contre 2 h 30 (entracte compris).
Quelle folie ! Quelle prouesse pour les acteurs qui disent ce texte sur un rythme hallucinant, sans jamais trébucher ! Et rien pourtant qui sonne comme un artifice. Ils sont pressés, ces personnages, et il échange les répliques comme des tirs soutenus. Cela crépite.
Avec simplement la belle traduction vive et fluide, avec un peu de lumière (Dominique Fortin), les interprètes donnent corps et âme aux personnages. Isabelle Sadoyan est la fidèle nounou Marina. La mère, lectrice de revues, en admiration devant l’intellectuel de la famille, Sérébriakov, est jouée par Brigitte Barilley. Téléguine, le pique-assiette possède la bonhomie de Laurent Huon.
Ce Sérébriakov, veuf de la sœur de Vania, père de Sonia, remarié avec Elena, on va s’apercevoir qu’il est un médiocre critique et un homme cupide et cruel. Philippe Crubézy lui donne on ne sait quoi de fuyant qui lui convient parfaitement. Sa femme Elena est incarnée avec grâce par Florence Janas. Judith Morisseau est Sonia, orpheline, sacrifiée, aimant sans espoir Astrov qui, lui, s’enflamme pour Elena.
Benedetti, qui l’incarne donc, est très bien, dans la brisure, l’énergie, le désespoir. Vania le sacrifié, Vania qui aurait pu être écrivain, un philosophe, lui, il en rêve encore, est interprété avec beaucoup de finesse par Daniel Delabesse.
Un parti-pris gonflé pour un spectacle aussi émouvant qu’intéressant.
Théâtre-Studio d’Alfortville (tél. 01.43.76.86.56, reservation@theatre-studio.com), à 20 h 30 du mardi au samedi, en matinée le samedi à 16 heures. Durée : 1 h 20. Jusqu’au 7 avril. La saison prochaine, « la Mouette » et « Oncle Vania » seront repris en alternance au Théâtre de l’Athénée.
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