Les Fêtes nocturnes de Grignan

Feydeau s’invite au château

Publié le 02/07/2015
Trois vaudevilles en un

Trois vaudevilles en un
Crédit photo : N. HERVIEUX

Depuis une trentaine d’années, l’Établissement public qui réunit trois monuments historiques remarquables de la Drôme provençale (Grignan, Suze-la-Rousse et Adhémar, à Montélimar), organise chaque été, devant la façade de la demeure de la fille de Madame de Sévigné, un spectacle de théâtre.

Il se donne deux mois durant (avec quelques relâches légales) devant chaque soir près de 750 spectateurs, soit plus de 30 000 au total (quelquefois 34 000). Le plus souvent du très bon théâtre, exigeant et accessible. Un grand théâtre populaire.

Cet été, Didier Bezace monte trois courtes pièces de Georges Feydeau : « Léonie est en avance », « Feu la mère de Madame » et « On purge bébé ». Trois chefs-d’œuvre irrésistibles, d’une efficacité extraordinaire. On peut connaître les pièces, leurs rebondissements, leurs répliques par cœur, on rit. Et ici d’autant plus que sept comédiens excellents les jouent, passant d’un rôle à l’autre et changeant de sexe parfois.

Didier Bezace a souhaité les lier. Il tire un fil… diabolique et le premier personnage à apparaître est un Lucifer qui arrive à vélo et exhibe rapidement ses cornes maléfiques. Dans chacune des trois pièces, le couple est au centre. Léonie (Lisa Schuster), qui doit accoucher, et Toudoux (Luc Tremblais), le mari dépassé et méprisé par ses beaux-parents (Clotilde Mollet et Thierry Gibault), forment une unité à variables qui apparaît dans « Léonie est en avance » et se répète. Dans « Feu la mère de Madame », c’est un Lucien déguisé en Louis XIV (Ged Marlon) et son épouse exaspérée (Océane Mozas) puis paniquée par Joseph (Philippe Bérodot), à qui Bezace invente un patronyme, Le Malin. Bérodot est aussi la sage-femme autoritaire et Toto, le petit garçon dans « On purge bébé ». On ne détaillera pas ici les parcours de chacun : les acteurs se transforment à toute allure, grâce aux costumes et aux maquillages très bien pensés et s’amusent d’un personnage à l’autre. Ils sont très fins, très précis, mais n’étouffent jamais le rire énorme ou les sourires perpétuels. Ils jouent sans micro, et c’est un plaisir de plus !

À 21 heures, jusqu’au 22 août. Durée : 2 h 15. Tél. 04.75.91.83.65, www.chateaux.ladrome.fr.
Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9425