« À jamais », « Baccalauréat »

Examens de vie

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Publié le 08/12/2016
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Cinéma-A jamais

Cinéma-A jamais
Crédit photo : ALFAMA FILMS

Cnéma-Baccalauréat

Cnéma-Baccalauréat
Crédit photo : MOBRA FILMS

À l'origine de « À jamais », le producteur Paulo Branco qui a eu la curieuse idée de proposer à Benoît Jacquot d'adapter « The Body Artist », de Don DeLillo. Comme il le dit lui-même, le réalisateur qui a signé les « Ailes de la colombe » (d'après Henry James), « la Fausse suivante » (Marivaux), « le Journal d'une femme de chambre » (Mirbeau), n'est pas familier de la littérature actuelle. On n'oublie pas qu'on lui doit « Villa Amalia » d'après Pascal Quignard et « les Adieux à la reine » d'après Chantal Thomas, mais Don DeLillo est moins classique.

Bref. Benoît Jacquot a aimé la force du récit et été séduit par l'expérience de mise en scène qu'est la représentation de la présence-absence. Dans une maison isolée au Portugal, un cinéaste cherche l'inspiration auprès de son nouvel amour. Bientôt, il disparaît. Dans le deuil et la solitude, elle le voit, l'entend, plus réel qu'un fantôme mais insaisissable.

C'est dire que la deuxième moitié de ce film exigeant repose sur les jeunes et charmantes épaules de Julia Roy, jusqu'alors inconnue, à laquelle le cinéaste a imaginé de confier l'écriture du scénario, une forme de direction d'acteurs, dit-il.

Si on s'impatiente un peu, surtout quand Mathieu Amalric, qui joue le cinéaste, se fait plus rare, en tant que fantôme, on se laisse prendre, grâce aussi à la musique de Bruno Coulais, par l'atmosphère de cette élégie funèbre.

La tentation de la corruption

« Baccalauréat » a valu au Roumain Cristian Mungiu le prix de la mise en scène à Cannes, après une palme d'or en 2007 pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours ». Un médecin (un chirurgien, plus précisément) en est le personnage principal. Mais sa profession n'est que l'un des éléments de cette réflexion sur une génération qui avait beaucoup d'espoirs après la chute des Ceaucescu mais n'a pu venir à bout de la corruption et des difficultés économiques.

L'obsession de Romeo, la cinquantaine, est l'avenir de sa fille qui, selon lui, ne peut être heureuse que loin de la Roumanie. Elle va passer le bac et, si elle a une très bonne moyenne, elle ira étudier en Grande-Bretagne. Pour l'aider, Romeo se laissera prendre au piège des petits arrangements qui gangrènent le système, police et hôpital compris. Le personnage est attachant, jusque dans ses compromissions, et le film convaincant, dans sa sobriété.

Et aussi

Pour le divertissement, voir du côté de « Papa ou maman 2 », de Martin Bourboulon, dont le premier opus a séduit 3 millions de spectateurs. Les parents terribles incarnés par Laurent Lafitte et Marina Foïs sont divorcés mais vivent dans deux maisons face à face, à Arcachon, et ne peuvent se passer l'un de l'autre. Avec les quatre enfants et les nouveaux compagnons, cela fait beaucoup de mouvements, de cris, de disputes et de réconciliations en tout genre. Le scénario et les dialogues de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, (avec la collaboration des deux acteurs) ne manquent pas de bons moments et de réparties savoureuses mais il n'est pas interdit de se lasser d'un comique dont les ressorts ne sont pas rechargeables à l'infini (et pourtant la fin ouverte laisse planer la menace d'un « Papa ou Maman 3 »).

Une autre comédie est promise à un grand succès, c'est « Demain tout commence », d'Ugo Gélin, libre remake d'un film mexicain, transposé entre Côte d'Azur et Londres, et qui joue aussi la carte de l'émotion. Omar Sy se retrouve avec un bébé sur les bras, la mère envolée ; huit ans plus tard, cette dernière (Clémence Poésy) veut récupérer sa fille.

À voir aussi, « Premier Contact », de Denis Villeneuve, l'humanité face à de mystérieux visiteurs qu'une linguiste distinguée (Amy Adams) tente de comprendre.

Enfin, on ne saurait oublier de célébrer les 100 ans de Kirk Douglas, né le 9 décembre 1916. La Cinémathèque française lui consacre une journée entière, le vendredi 9, avec 7 films, dont « la Captive aux yeux clairs », « les Sentiers de la gloire » et « l'Arrangement ».

 

 

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9541