Dans un décor harmonieux de Jean-Michel Adam et les costumes seyants de Pascale Bordet, l’essentiel de la pièce de Laurent Seksik repose sur les épaules de Patrick Timsit et d’Elsa Zylberstein – Charlotte Altmann, qui se suicida avec Stefan Zweig le 22 février 1942 à Pétropolis, au Brésil, où l’écrivain était en exil. Personnages de passage, Madame Ban Field (Bernadette Rollin) qui leur loue la maison, et Rosaria (Gyselle Soares), que l’on fait demeurer, tête baissée, immobile lorsque « monsieur » prend la parole, est la bonne. Pourquoi faut-il que ces deux personnages aient des accents ? Dans la partition d’Ernest Feder, ami à l’écoute, Jacky Nercessian est juste.
Laurent Seksik connaît son sujet. Mais il invente, évidemment, les scènes et les pensées, il imagine ce que se disent les « personnages ». Il dessine un Zweig claquemuré dans le silence souvent, saisi d’angoisse d’entrée, et sombre, toujours sombre. Il donne à Lotte une vitalité, malgré la maladie – asthme – que la mise en scène et le jeu d’Elsa Zylberstein accentuent. C’est une charmeuse, une coquette… mais elle est sincère et sincèrement aimante, la secrétaire du grand homme devenue sa maîtresse. Et la comédienne en fait son miel.
Bien sûr, c’est Patrick Timsit qui retient l’attention du public. Dans un rôle grave, il n’est pas déplacé. C’est un bon acteur. Il est dommage que le metteur en scène, Gérard Gélas, ne l’ait pas dirigé différemment. Pour le moment, Patrick Timsit donne trop le sentiment, d’entrée de jeu, que Stefan Zweig est profondément engagé dans un processus morbide. Une progression serait plus intéressante, d’autant que l’on connaît, hélas, le dénouement et que le titre annonce l’issue, même si le grand public n’a pas forcément en tête son funeste destin.
« Les Derniers Jours de Stefan Zweig » constitue une belle production, respectueuse et probe, mais gagnerait en étant approfondie et plus variée dans le jeu.
Théâtre Antoine-Simone Berriau (tél. 01.42.08.77.71, www.theatre-antoine.com), à 21 heures du mardi au samedi, matinée à 16 heures le samedi. Durée : 1 h 45 sans entracte.
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