TANDIS QUE dans la grande salle et le bâtiment, ont lieu des travaux, c’est dans la petite salle de bois Mehmet-Ulusoy que se donne cette version emportée et belle d’une comédie de Marivaux moins jouée que d’autres. Il y a donc ici le plaisir de la découverte. L’écrivain du « Jeu de l’amour et du hasard » résume lui-même l’argument de sa pièce : « Il est question de deux personnes qui s’aiment d’abord et qui le savent, mais qui se sont engagées à n’en rien témoigner et qui passent leur temps à lutter contre la difficulté de garder leur parole en la violant. »
Soit Lucile (Cécile Garcia-Fogel, éblouissante) et Damis (très fin Pierre-François Garel). Leurs pères Ergaste (Marc Susini épatant) et Orgon (Alain Trétout, de même) veulent les marier. Les jeunes gens s’aiment mais ne veulent pas l’admettre. Elle, d’entrée, se refuse, complique tout. Et lui du coup, cherche des parades. Elle est terrible, Lucile ! Elle passionnera les psychanalystes. Les valets, comme souvent chez Marivaux, sont intelligents, lucides et ils ont eux aussi un projet de mariage. Lisette (Hélène Schwaller, formidable) et Frontin (Marc Chouppart, parfait) s’en mêlent donc. Phénice, la jeune sœur de Lucile (délicieuse Sabrina Kouroughli) sert de leurre.
C’est vertigineux, aussi cocasse que cruel. Un délice de pièce, une merveille de spectacle donné dans un décor de rideaux, avec un appui d’images (reproductions de tableaux de l’époque en fond ou usage pertinent de la vidéo) et de son très travaillé. C’est vif et cela plaira aussi bien aux adolescents qu’aux adultes.
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (tél. 01.48.13.70.00, www.theatregerardphilipe.com), à 20 heures les lundi, mercredi, jeudi, vendredi, à 18 heures le samedi, à 16 heures le dimanche. Durée : 2 h 10 sans entracte. Jusqu’au 2 décembre.
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