« Gatsby le magnifique » : Fitzgerald en 3D
Peut-on reprocher à l’Australien Baz Luhrmann, flamboyant réalisateur de « Moulin rouge ! » et « Australia », d’avoir rêvé « son » Gatsby et de s’être donné les (grands) moyens de lui donner vie ? Peut-on lui reprocher d’avoir eu l’ambition de reconstituer le New York des années 1920, le « splendide mirage » évoqué par Scott Fitzgerald, en montrant l’opulence tout près des bas-fonds et de la plus grande pauvreté ? Peut-on lui reprocher d’avoir utilisé les merveilles techniques d’aujourd’hui, 3D y compris, pour adapter le grand roman américain publié il y aura bientôt un siècle ?
Pour certains, le déluge de paillettes, d’effets pyrotechniques, de tourbillons et de musiques noie l’essence de ce qu’exprimait Fitzgerald. Mais comment résister à ces images, à cette mise en scène qui ne se refuse aucune fantaisie, aucun excès ? On entre dans un monde à l’existence incontestable, il importe peu, finalement, qu’il soit celui de Fitzgerald ou de Luhrmann.
Voilà pour le décor. L’histoire est celle d’un homme qui accumule les richesses, par des moyens douteux, croyant ainsi pouvoir reconquérir celle qu’il aime, un solitaire romantique qu’incarne avec ambiguïté, élégance et un soupçon de froideur Leonardo DiCaprio. Carey Mulligan, qu’on avait beaucoup aimé dans « Une éducation » et dans « Drive », est moins convaincante, presque fade pour une femme censée susciter un si grand amour. Heureusement, Tobey Maguire, celui qui raconte l’histoire de Gatsby, apporte l’émotion qui, sinon, manquerait au film.
« Le Passé » : la beauté du mélo
Ashgar Farhadi, le cinéaste iranien de « la Séparation », a tourné en France par les vertus de la production internationale. Peu importe, en fait, même s’il a dû, explique-t-il, adapter ses personnages au fait que les Français s’expriment de manière plus directe que les Iraniens ; et s’il a su tirer partie de paysages urbains particuliers de Paris et sa proche banlieue. Car l’histoire qu’il raconte est celle de dilemmes intimes, dont celui qu’évoque le titre, de se libérer ou non du passé.
Un Iranien vient à Paris pour formaliser le divorce avec la femme dont il est séparé depuis quatre ans. C’est elle qui le souhaite, ayant engagé une nouvelle relation, avec un homme dont l’épouse est plongée dans un coma profond. D’où le deuxième sujet principal d’un film qui croise beaucoup de questions : le doute quand une personne n’est ni vraiment vivante ni morte.
Dans une très séduisante construction, chaque confrontation des personnages, dont les deux filles de l’héroïne, apporte une nouvelle révélation et les rend un peu plus proches du spectateur. Le rôle des acteurs, parfaitement dirigés n’en est que plus grand. Bérénice Bejo est parfaite, tout comme l’Iranien Ali Mosaffa. Tahar Rahim est un peu en retrait, c’est sans doute ce qu’implique son personnage. Et l’on retiendra l’excellente Pauline Burlet, qui, à 17 ans, n’est pas à proprement parler une débutante, puisqu’elle a joué Edith Piaf jeune dans « la Môme », d’Olivier Dahan.
« Jeune & Jolie » : une adolescence particulière ?
Qu’on ne s’y trompe pas. « Jeune & Jolie» n’est pas un document sur la prostitution des jeunes filles. C’est un film sur « ce que c’est que d’avoir 17 ans et de sentir son corps se transformer ». Après « Dans la maison », François Ozon avait envie de travailler à nouveau avec de jeunes acteurs. Il raconte donc, en quatre saisons, la façon d’explorer les transformations de l’adolescence et la découverte de la sexualité d’une fille de 17 ans.
Une fille sans problème, qui appartient à un milieu aisé. Après une première fois apparemment décevante, l’été, la lycéenne se lance dans la prostitution de haut vol, après les cours, en prenant des rendez-vous par Internet. Elle expérimente. « Elle aurait pu aussi bien se droguer ou être anorexique, dit Ozon, bien évidemment auteur du scénario, l’essentiel était que ce soit secret, clandestin, interdit. »
En tout cas on y croit. Il est vrai que Marine Vacth, mannequin et comédienne, a tous les atouts, la beauté du diable et l’audace nécessaire à certaines scènes sexuelles réalistes. Elle est bien entourée, avec notamment Géraldine Pailhas, la mère qui a du mal à comprendre, et le jeune Fantin Ravat, le frère voyeur – et aussi Serge Hefez, qui a donné quelques conseils au réalisateur et incarne le psychanalyste.
Ozon fait réciter à des adolescents le poème de Rimbaud « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », ajoute quatre chansons de Françoise Hardy et offre au total une belle et rare variation sur ce sujet rebattu.
(Sortie le 21 août)
« A touch of sin » : la Chine qui saigne
Connu depuis une dizaine d’années en Occident grâce à ses films présentés dans les plus grands festivals (dont « Still Life », primé à Venise, et « 24 City », en compétition à Cannes en 2008), Jia Zhang-Ke a une vision sombre de son pays, nourrie entre autres par la fréquentation de Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. La transformation rapide de la Chine s’est faite aux dépens de certaines régions et l’écart entre riches et pauvres ne cesse de se creuser. Tandis que la violence peut devenir pour beaucoup le seul moyen de s’exprimer. Et le cinéaste d’expliquer : « Pour illustrer la Chine moderne comme je la comprends, je suis parti de quatre faits-divers incroyablement violents et j’en ai fait une œuvre de fiction. »
Un mineur, exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, fait justice lui-même. Un travailleur migrant découvre les pouvoirs de son arme à feu. Une hôtesse d’accueil, dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Un jeune garçon passe d’un travail à l’autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, des morts et beaucoup de sang, mais une mise en scène ample et puissante qui stylise les drames sans faire perdre leur humanité à leurs protagonistes.
(Date de sortie non encore déterminée)
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