À Digne, pour faire une incursion en plein Tibet, il suffit de pousser la porte de Samten dzong (la forteresse de la réflexion), la maison acquise en 1928 par la célèbre exploratrice Alexandra David-Néel, devenue musée depuis sa mort à 101 ans.
Infatigable voyageuse, elle est d’abord chanteuse d’opéra à Hanoï, Athènes et Tunis, puis auteur-compositeur lyrique, journaliste et écrivain. Anarchiste, militante féministe, bouddhiste, grande érudite, elle devient une célébrité mondiale lorsqu’elle réussit, en 1924, déguisée en mendiante, à pénétrer dans Lhassa, la capitale du Tibet, alors interdite aux Occidentaux. Le Dalaï-Lama, 14e du nom, heureux qu’elle ait fait connaître le Tibet en Occident, se déplacera à deux reprises pour la rencontrer à Digne. L'aventurière y finira sa vie, en compagnie de sa secrétaire particulière, Marie-Madeleine Peyronnet (son livre, « 10 ans avec Alexandra David-Néel », a inspiré une BD, « Une vie avec Alexandra David-Néel », dont le premier tome est paru récemment aux éditions Bambou).
Autre rencontre à faire du côté de Digne, celle de Christian Rias, alias Toto. Il a créé, seul, un petit parc animalier, Les Ganiayes, au cœur de la station de Chabanon. Biologiste de formation, entomologiste et herpétologue, ce sympathique passionné a, bien sûr, quelques reptiles, dont un boa constrictor. Toutefois, sa marotte, c’est la marmotte ! Toto étudie depuis 22 ans le comportement de ce petit animal biologiquement proche de l'homme. Il explique les avantages qu'aurait l'hibernation pour ce dernier et a travaillé avec le CNRS sur le diabète, dont sont souvent victimes les marmottes, en grande partie à cause des touristes qui les nourrissent.
En sortant de la ville, la route serpente à travers la nature protégée du Géoparc de Haute-Provence, le premier des géoparcs créés à l'initiative de l'Unesco pour protéger l'héritage géologique. Les roches calciques blanches ou grises se déclinent plus loin en pourpre ou noire. Des falaises aux reliefs sculptés par le temps happent le promeneur contemplatif ou les sportifs de tout poil.
L'art en marche
Autre atout de la région, le Refuge d'art d’Andy Goldsworthy, un parcours de randonnée de 150 km, à faire en étoile ou au long court (de 8 à 10 jours). La plus grande réserve géologique d’Europe sert d’écrin à d’insolites compositions, encadrées dans des refuges d’étapes. Les œuvres du chef de file du land art ont ainsi (re)mis en valeur le patrimoine de montagne. Ses créations sont réalisées à base d’éléments extraits de la nature, pierre, bois, feuilles, voire neige. Un serpent en terre sèche tapisse, tel un raku géant, le mur du Vieil Esclangon, l’un des 7 refuges de cet étonnant parcours. Pour réaliser le liant de ce tableau d’argile rouge, l’artiste britannique a utilisé des cheveux fournis par un coiffeur dignois. Le parcours relie trois Sentinelles, majestueux cairns qui veillent sur les trois vallées de la Haute-Provence, signés également par Andy Goldsworthy.
Le Musée Promenade, autre concept novateur, fait aussi le pari de mêler l’art à l’environnement. Il abrite d’impressionnants fossiles et s’ouvre sur 4 sentiers rythmés par des œuvres artistiques, des cascades et un jardin de papillons. Tandis que le musée Gassendi, situé dans l'ancien hôpital, allie les sciences naturelles aux propositions artistiques, des plus classiques aux plus modernes.
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