« Juste la fin du monde », « Cézanne et moi »

Deux films de passion

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Publié le 22/09/2016
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Cinéma-Juste la fin du monde

Cinéma-Juste la fin du monde
Crédit photo : SAYNE LAVERDIÈRE- SONS OF MANUAL

Cinéma-Cézanne et moi

Cinéma-Cézanne et moi
Crédit photo : LUC ROUX

S'il divise critiques et public, Xavier Dolan, 27 ans, aime passionnément le cinéma, qui le lui rend bien. Son 6e film – déjà –,  « Juste la fin du monde », a remporté le Grand Prix du dernier festival de Cannes. Et même si c'est pour en être agacé, cette adaptation de la pièce aux accents autobiographiques de Jean-Luc Lagarce, dramaturge mort du sida en 1995, à 38 ans, mérite le déplacement dans une salle obscure.

Un repas familial, cela ne devrait pas être la fin du monde. Mais pour l'écrivain qui retourne dans sa famille après douze ans d'absence, pour annoncer qu'il va bientôt mourir, cela semble une épreuve insurmontable. Sa mère, sa jeune sœur qu'il connaît à peine, son frère, l'épouse de ce dernier ont beaucoup de choses à lui dire. Mais dans cette famille dysfonctionnelle, comme bien d'autres, on n'arrive pas à se parler vraiment. Alors on se dispute, on crie, on pleure… ou l'on se tait.

Les mots de Lagarce sont là, forts et souvent dérangeants. Le cinéma de Dolan les enrobe et les déverse dans son lyrisme si particulier, fait de gros plans, de couleurs saturées et d'une direction d'acteurs virtuose. Le cinéaste québécois a réuni une belle équipe, dont il joue comme d'un orchestre de chambre : autour de Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard et Léa Seydoux. Hystérique ? Sans doute. Mais aussi bouleversant.

Les affres de la création

Bien différent dans le ton et le style est « Cézanne et moi », de Danièle Thompson. Un film sur l'amitié et les affres de la création, à travers la relation de Paul Cézanne et Émile Zola, depuis leur jeunesse à Aix-en-Provence. Danièle Thompson s'est beaucoup documentée et a pu tourner dans des lieux emblématiques des deux hommes, comme le jardin de l'écrivain à Médan ou le cabanon du peintre aux carrières de Bibémus. La réalisatrice-scénariste parcourt plus de trois décennies à grande vitesse, évoquant avec plus ou moins d'habileté les grands moments de la carrière des deux hommes, avec le succès qui vient pour l'un et se fait attendre pour l'autre. La reconstitution est quelquefois un peu laborieuse, mais ne détourne pas du duo central, parfaitement incarné par Guillaume Gallienne et Guillaume Canet. On sort du film en ayant envie de voir ou revoir les toiles de Cézanne et de lire ou relire les livres de Zola. Bravo !

Les autres films de la semaine

Pour les amateurs de cinéma américain, « Brooklyn Village », chronique new yorkaise d'Ira Sachs, Grand Prix du festival de Deauville ; « Blair Witch », suite du film culte de 1999 (« le Projet Blair Witch »), où l'on retrouve la forêt de Black Hills et ses menaces ; ou encore « Soy Nero », de Rafi Pitts, sur un jeune Mexicain qui s'enrôle dans l'armée américaine pour sortir de la clandestinité. Et aussi de l'animation, pour les enfants, avec « Kubo et l'armure magique ».

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9519