« La Passion d'Augustine », « le Cœur régulier »

Deux chemins de liberté

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Publié le 31/03/2016
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Cinéma-La Passion d'Augustine

Cinéma-La Passion d'Augustine
Crédit photo : P. CREPO

Cinéma-Le coeur régulier

Cinéma-Le coeur régulier
Crédit photo : DR

Au Québec, la laïcisation de l'enseignement, dominé par l'Église catholique, a été tardive. Et, parfois, d'autant plus brutale. C'est ce qu'évoque « la Passion d'Augustine » à travers l'histoire d'un petit couvent et de sa directrice (Céline Bonnier), qui en a fait un établissement d'excellence pour la musique.

« Ce n'est pas du tout un film sur la religiosité, mais sur la spiritualité qui s'exprime par la musique », explique Léa Pool. C'est aussi un film sur l'émancipation féminine. La cinéaste, qui a signé une vingtaine de films, fictions et documentaires depuis 1979, souligne au passage que « faire du cinéma quand tu es une femme est déjà un acte d'émancipation. En tout cas c'était le cas il y a trente ans... ».

Mais revenons à mère Augustine et à son école de jeunes filles. Le personnage, dont on découvre les forces et les failles, est attachant, et son combat contre les forces contraires (le conservatisme de l'Église d'un côté, le progressisme et l'air de liberté de l'autre) qui conspirent à l'abattre ne manque pas de panache. Mêlant l'humour, l'émotion, et le pouvoir de la musique, Léa Pool nous le fait admirer.

Les jeunes interprètes, qui sont elles-mêmes musiciennes, sont bien choisies, comme les décors de neige, faisant contraste avec l'uniforme noir des religieuses. Malgré quelques lourdeurs vers la fin, on aura compris que la passion d'Augustine mérite d'être partagée.

Retrouver le goût de vivre

À Tojimbo, au Japon, Yukio Shige, un ancien policier, tente de dissuader les désespérés de se jeter du haut des falaises. Olivier Adam s'en est inspiré pour son roman « le Cœur régulier » (L'Olivier 2010, réédité en Points). Et la jeune cinéaste brucelloise Vanja d'Alcantara, depuis longtemps fascinée par le « sauveur des falaises », a trouvé dans le livre la matière de son deuxième film après « Beyond the steppes ».

On est d'abord en France où Alice, enfermée dans une vie sans problème mais sans passion, a la joie de retrouver son lumineux, sombre et fantasque frère. Mais elle le perd et part sur ses traces dans ce village au pied des falaises où il avait trouvé l'apaisement.

Ici peu de dialogues et une lenteur qui fait office de poésie. La réalisatrice « veut croire en un cinéma de sensations et d'impressions ». Tout est dans le visage et la silhouette d'Isabelle Carré et ses rares échanges, notamment avec le vieil homme qui veille sur les suicidaires.

Et aussi cette semaine

Trop de films nouveaux, une vingtaine, pour que beaucoup aient leur chance de trouver leur public. À l'affiche entre autres : « Quand on a 17 ans », les désirs adolescents selon André Téchiné ; « Five », une comédie avec Pierre Niney ; «Sunset Song », de Terence Davies ; « Good Luck Algeria », comédie vécue de Farid Bentoumi ; « 13 Hours », un assaut musclé en Libye, en 2012, par Michael Bay ; « Un monstre à mille têtes », nouveau thriller du réalisateur mexicain de « la Zona », Ricardo Plá ; « Mariage à la grecque 2», le retour de la savoureuse famille Portokalos ;« Kung Fu Panda 3 », qu'il n'est nul besoin de présenter.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9484