Le réalisateur norvégien Erik Poppe (« En eaux troubles »), qui a été longtemps reporter de guerre, s’inspire de son expérience pour mettre à l’épreuve son héroïne, incarnée avec son intelligence habituelle par Juliette Binoche. Rebecca est doublement à l’épreuve : elle prend tous les risques pour faire ses photos, en Afghanistan ou en Afrique, au cœur de la violence ; et elle ne sait comment survivre lorsqu’elle rentre à la maison auprès de ses deux filles et de son mari (l’acteur danois Nikolaj Coster-Waldau), qui ne supportent plus l’angoisse qu’elle leur fait vivre.
Le duo Poppe-Binoche fait merveille pour faire comprendre la passion de ce métier, qui peut aller jusqu’à l’addiction, surtout quand l’une des motivations principales est d’attirer l’attention sur les drames actuels. Il en montre aussi les ambiguités : à quel moment, quand on est témoin d’atrocités, s’arrête-t-on de faire des images pour éventuellement agir ? Les scènes de guerre alternent avec des séquences quasi bucoliques dans la campagne irlandaise, où habite la famille. La mise en scène est alors un peu maniérée, mais ce n’est qu’un défaut mineur pour un film qui pose de bonnes questions sur les images sanglantes prises par quelques-uns au péril de leur vie et que nous finissons par regarder blasés.
Une autre question posée dans le monde d’aujourd’hui est celle de la gestation pour autrui. Avec « Melody », son deuxième long métrage, le cinéaste belge Bernard Bellefroid rend compte de la complexité du sujet en racontant une histoire singulière et subtile. La jeune Melody, coiffeuse à domicile, peine à joindre les deux bouts et ne rêve que d’une chose, ouvrir son propre salon. Pour trouver l’argent, elle s’inscrit sur un site qui propose des mères porteuses et rencontre une riche Anglaise qui veut désespérément un bébé. La relation des deux femmes est au cœur du film, chacune évoluant et passant par toute une palette d’émotions et de sentiments à partir de ce qui ne devait être qu’un marché. Melody est jouée par Lucie Debay, connue au théâtre en Belgique, révélée ici au cinéma par sa beauté et sa sensibilité changeante. Face à elle, l’Australienne Rachael Blake, vue dans « Sleeping Beauty », est convaincante dans une difficile partition.
D’autres nouveaux films
Encore une affiche pléthorique, à la veille du festival de Cannes. On signalera, entre autres, trois premiers films : « Un peu, beaucoup, aveuglément », de l’acteur Clovis Cornillac, une comédie romantique primée au festival Colcoa du film français, à Hollywood (un inventeur qui a besoin de silence et une pianiste qui prépare un concours) ; « Partisan », d’Ariel Kleiman, avec Vincent Cassel (un enfant conditionné par son père dans une communauté) ; et « My Old Lady », de l’auteur de théâtre Israel Horovitz, avec Kevin Kline, Maggie Smith et Kristin Scott Thomas (un New Yorkais hérite d’une maison à Paris, mais elle est habitée par une vieille dame de 92 ans et sa fille). La cour de Louis XIV est mise en scène par Alan Rickman dans « les Jardins du roi », avec Kate Winslet et Matthias Schoenaerts dans le rôle de Le Nôtre ! Et encore l’Afrique du Sud dix ans après la fin de l’apartheid dans « Ladygrey » et l’Inde dans « Titli, une chronique indienne ».
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