Cinéma
En avril dernier, lors d’un troisième procès, Maurice Agnelet a été condamné à vingt ans de prison pour l’assassinat d’Agnès Le Roux, dont la disparition en 1977 reste inexpliquée ; il s’est pourvu en Cassation. Dans « l’Homme qu’on aimait trop », film d’André Téchiné qui sort le 16 juillet, Maurice Agnelet est incarné par Guillaume Canet, ce qui ne donne pas envie de le croire coupable. Et l’acteur est suffisamment habile, comme le film, pour que des interrogations demeurent.
Le sujet du film, librement adapté d’« Une femme face à la Mafia », le livre de Jean-Charles Le Roux sur sa mère Renée, est d’ailleurs moins le crime éventuel que la guerre des casinos, dans les années 1970-1980, sur la Côte d’Azur, et la prise de contrôle du Palais de la Méditerranée, qui appartenait à Renée Le Roux, par Jean-Dominique Fratoni, avec le soutien de Jacques Médecin, alors maire de Nice. Le sujet permettait en outre à Téchiné d’offrir un nouveau rôle fort à Catherine Deneuve, le septième depuis « Hôtel des Amériques » ; elle y est impériale.
« L’Homme qu’on aimait trop » apporte également un éclairage sur Agnès Le Roux, dont Téchiné a lu les lettres à Agnelet. Une jeune femme ardente et insoumise à laquelle Adèle Haenel apporte une belle passion. C’est donc le trio de protagonistes et d’acteurs qui fait l’intérêt d’un film à la mise en scène plutôt classique et sage.
Téchiné n’a jamais envisagé de changer les noms, de déplacer l’histoire du côté de la fiction. « C’est une manière de dire que la tragédie, cela advient dans le monde tel qu’il est », explique-t-il. Le monde tel qu’il est, hélas, le voici dans « les Ponts de Sarajevo », qui sort également le 16 juillet. Sous la direction artistique du journaliste et critique Jean-Michel Frodon, 13 cinéastes européens racontent Sarajevo de 1914 à aujourd’hui, de l’attentat contre l’archiduc François-Ferdinand au siège de la guerre de Bosnie, de 1992 à 1995, et à la difficile après-guerre. Aida Begic, enfant de Sarajevo, la Suisse Ursula Meier, le Bulgare Kamen Kalev, le Serbe Vladimir Perisic, l’Ukrainien Sergei Loznitsa, la Française Isild Le Besco, l’Espagnol Marc Recha et leurs collègues, sans oublier Jean-Luc Godard, abolissent les frontières entre documentaire et fiction avec leurs films reliés par les motifs animés de François Schuiten et Luis da Matta Almeida. Si les séquences ne sont pas toutes également réussies, leur ensemble compose l’émouvant portrait d’une ville martyre et symbole de l’histoire européenne et de ses habitants.
Et aussi
Loin de la cruauté des conflits, le charme d’une petite musique, celle de « Everyone’s going to die », une comédie britannique douce-amère réalisée avec trois francs-six sous par un duo de scénaristes-réalisateurs-monteurs se cachant sous le nom de Jones. Depuis hier sur les écrans, elle évoque la rencontre d’une jeune femme (l’actrice allemande Nora Tschirner) et d’un tueur à gages désabusé (Rob Knighton, poseur de moquette et musicien qui débute au cinéma). Autre nouveauté de la semaine, « Blue Ruin », de l’Américain Jeremy Saulnier, thriller ultraviolent (interdit aux moins de 12 ans) sur une vengeance.
On surveillera aussi la sortie, le 23 juillet, de « Boyhood », de Richard Linklater, ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin 2014. Le film a la particularité d’avoir été tourné sur douze ans. On voit donc le garçon dont l’histoire nous est contée grandir de 6 à 18 ans, entre ses parents incarnés par Patricia Arquette et Ethan Hawke.
Vous entendrez peut-être aussi parler d’« Ablations » (sortie le 16 juillet), premier film d’Arnold de Parscau, 25 ans : le scénario signé Benoît Delépine imagine que le héros (Denis Ménochet) se réveille sur un terrain vague, sans se souvenir de rien, avec une cicatrice et… un rein en moins.
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