« The Danish Girl », de Tom Hooper
Un rôle à Oscar ? Eddie Redmayne, déjà détenteur d’une statuette grâce à « Une merveilleuse histoire du temps », le fait oublier d’emblée. Le propos n’est pas dans la transformation physique mais dans l’incarnation d’une personne qui a existé, une des premières à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle, en Allemagne.
L’histoire de Lili Elbe, née Einar Wegener, est connue par une biographie publiée en 1933, « Man into Woman », inspirée de son journal, puis par le roman de David Ebershoff, « The Danish Girl » (2000), dont le film s’inspire.
Ce que raconte ce dernier, autant que les souffrances d’une personne transgenre, c’est l’histoire d’un couple, qui va résister, même s’il se transforme. Du Danemark, où les deux amoureux sont peintres, à l’Allemagne, dans la clinique où s’effectuent les opérations, en passant par Paris, Tom Hooper déploie un récit très maîtrisé. Centré sur les scènes intimes, certes, mais ouvert sur une belle reconstitution de l’époque (les années 1920-début des années 1930).
Eddie Redmayne est impeccable dans ce rôle difficile, ne laissant voir aucune rupture entre Einar et Lili. Face à lui, Alicia Vikander est toute d’énergie et de passion. Tout l’art de « Danish Girl » est d’apparaître comme une histoire à la fois singulière et universelle et non comme celle de personnes hors normes.
« Chorus », de François Delisle
Le deuil, la perte d’un enfant sont des sujets que le cinéma, comme la littérature, a beaucoup explorés. Dans « Chorus », le cinéaste québécois François Delisle offre, en noir et blanc, un point de vue original, qui dit beaucoup de choses avec peu d’effets.
Cela commence avec deux solitudes. À Montréal, une femme chante dans un chœur. Au Mexique, un homme vit de petits boulots et livre son corps à l’océan. Ce sont les parents d’un petit garçon disparu dix ans auparavant. Un appel de la police va les contraindre à se retrouver. Le drame est terrible. Le cinéaste suit leurs vacillements, leurs chutes, la façon de chacun de se relever, la reconstruction d’un lien.
C’est subtil, grâce aux non-dits et à la voix off, à la construction qui dévoile peu à peu ce qui s’est passé, au noir et blanc qui permet d’exprimer l’évolution des sentiments avec une lumière de plus en plus claire ; et grâce à la musique, d’un très beau morceau anonyme du XIVe siècle au rock du groupe canadien Suuns.
Sébastien Ricard et Fanny Mallette, les deux acteurs principaux, contribuent grandement, dans la sobriété tendue qu’impose le réalisateur, à l’émotion, et à la célébration de la vie, qui est le sens profond du film. À voir aussi pour retrouver Geneviève Bujold...
Et aussi
« Paris-Willouby ». Une famille recomposée : le père, la mère, le frère de la mère, qui squatte leur appartement, la fille du père, le fils et la benjamine. Le grand-père, qu’ils n’avaient pas vu depuis plusieurs années, est mort et ils doivent se rendre à l’enterrement, à Willouby. C’est tout. Le premier long métrage de Quentin Reynaud et Arthur Delaire est fait de scènettes, de gags plus ou moins réussis, au long de la route, et d’émotion quand il s’agit de se retrouver au-delà des animosités familiales. On reste sur sa faim, malgré la présence d’Isabelle Carré, face à Stéphane de Groodt, improbable prof de philo, et Alex Lutz.
« Legend », de Brian Helgeland, nouvelle évocation des redoutables gangsters anglais Ronald et Reginald Kray, des jumeaux ici incarnés par Tom Hardy.
« J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd », de Lætitia Carton, dédié par la cinéaste à son ami Vincent, mort il y a dix ans, qui l’avait initiée à la langue des signes, plaidoyer pour l’enseignement de cette dernière aux enfants sourds.
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