ON ATTENDAIT Denis Podalydès dans le rôle-titre d’Hamlet. Les grands metteurs en scène ont toujours souligné que le Prince de Danemark exigeait un interprète de grande expérience. C’était notamment la pensée de Giorgio Strehler. Podalydès possède cette maturité et, en plus, il fait très jeune. Il est donc idéal et il aurait été idéal si le metteur en scène anglais Dan Jemmett n’avait pas eu l’idée naïve d’un décor de « club house » (en fait, ce que l’on voit, c’est un pub miteux) dépendant d’une salle d’escrime. C’est ce qu’il nous dit, mais n’était le duel très bien réglé de la fin, rien n’indique vraiment ce détail. Le pub a son bar, son jeu de fléchettes, ses trophées, ses photos, son juke-box, ses toilettes et même son distributeur à préservatifs (ce qui, dans les années 1970 n’existait pas vraiment, c’est le sida qui a imposé ces distributeurs).
Si les premières scènes peuvent fonctionner, avec le face-à-face du spectre du père (l’excellent Éric Ruf) et du jeune Hamlet, très vite rien ne va plus et la décision dramaturgique oblige les acteurs à un jeu trivial. Ils se raccrochent à la langue, la belle traduction d’Yves Bonnefoy, mais tout les empêche de trouver la grandeur de la tragédie : des costumes criards, des perruques ridicules. De plus, le metteur en scène les oblige à prendre sans cesse à témoin la salle de ce qu’ils disent.
Ce serait un travail d’adolescents pour une fête de fin d’année, on pardonnerait. Mais on est sur la première scène de France. On se demande pourquoi les Comédiens-Français ne se sont pas révoltés. On les admire profondément, mais, ici, ils ne peuvent jamais nous émouvoir, ce qui est tout de même bien dommage lorsqu’il s’agit de cette œuvre immense que, par ironie sans doute, le metteur en scène tient à intituler « la Tragédie d’Hamlet ». Ce qui est tragique ici, c’est l’humour stérile.
Comédie-Française, salle Richelieu (tél. 0825.10.16.80, www.comedie-francaise.fr), en alternance jusqu’au 12 janvier 2014. Durée : 3 h 15, entracte compris.
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